La bouteille de vin : Tout savoir
L’histoire de la bouteille en verre est assez ancienne, mais, en ce qui concerne le vin, pas tant que cela. Après une brève histoire de la bouteille, vous découvrirez la partie technique sur son élaboration actuelle.
Son histoire
Reprenons. Les Babyloniens et Egyptiens savaient fabriquer et façonner le verre mais les objets étaient de petite taille, comme ces flacons ou fioles à parfum. Vers le I er siècle avant Jésus-Christ, avec l’apparition de la technique du verre soufflé, les Romains ont étendu la gamme des objets et des volumes mais le verre restait un matériau très fragile, cher, et plutôt réservé au service lors des grandes fêtes et cérémonies : vasques ou carafes de service, généralement protégées par une armature externe en métal (étain, argent ou or). Des techniques plus sophistiquées ont été développées plus tard par les perses et les byzantins. Ce sont sans doute ces derniers qui ont enseigné aux vénitiens la science de cette industrie de luxe, produisant des objets d’apparat et de décoration dont des verres et des coupes en quantité, mais pas de bouteilles à vin. Ce n’est qu’au 17ème siècle que les premières bouteilles spécialement à l’usage du vin apparaissent, en Angleterre. La raison est purement technique : pour protéger les forêts de chêne, source d’un matériau essentiel à la construction des navires, le Parlement anglais a interdit la coupe de bois de chêne. Or le chêne était aussi le principal combustible des fourneaux. Il a donc fallu trouver une alternative pour alimenter les fours des verriers, et ce fût le charbon qui se révéla très performant car atteignant des températures de combustion supérieures à n’importe quel bois. C’est une des raisons qui explique la précocité de la Révolution Industrielle anglaise, et la bouteille industrielle, plus homogène et plus solide, était un de ses produits. On peut même la dater avec précision : 1632, dans le Derbyshire, dans l’atelier de Sir Kenelm Digby. Depuis, la bouteille s’est progressivement affinée aussi bien en régularité qu’en solidité, et ses formes se sont standardisées. Nous y reviendrons la prochaine fois.
Sa fabrication
Trois ingrédients sont essentiels à la fabrication du verre : le sable, élément formateur (68% à 72%), la soude, élément fondant (10% à 15%) et le calcaire, élément stabilisateur (9% à 14%).
Quelques composants secondaires peuvent intervenir comme le feldspath, la phonolite, le laitier, et le sulfate ainsi que des colorants, généralement des oxydes métalliques, comme le fer, le manganèse ou le sulfure de fer. On incorpore aussi du verre recyclé : une bouteille blanche contiendra environ 15% de verre recyclé, une bouteille verte ou « feuille morte » entre 25 et 35%. Cette matière recyclée, provenant de la récupération chez les verriers et des programmes de recyclage communaux, est appelée calcin.
Les matières premières et le calcin sont fondus dans des fours dont la température avoisine les 1 500 °C. Entre l’introduction des matières premières et la sortie du verre en fusion, il s’écoule environ 24 heures. Ces fours fonctionnent jour et nuit, avec un niveau de verre en fusion constant. Des brûleurs assurent, à l’aide du rayonnement de la voûte de briques en silice, une température de 1 550 °C nécessaire à la fusion du verre. Ce verre en fusion est ensuite amené par des canaux de distribution jusqu’aux machines de formage. La coulée de verre en fusion est découpée en gouttes, appelées paraisons. Le formage permet de transformer ces paraisons en un corps creux, en deux temps : la transformation de la paraison en ébauche dans un moule ébaucheur (par soufflage ou pressage) puis, après transfert dans un moule finisseur, la transformation de l’ébauche en une bouteille possédant sa forme définitive. L’ensemble des opérations s’effectue sur des machines dont les plus récentes produisent jusqu’à 700 articles par minute.
Sa taille
Je rappelle que l’invention de la bouteille moderne, au XVII ème siècle, est due au diplomate anglais Sir Kenelm Digby, et que ce flacon était caractérisé par un goulot renforcé par une bague.Avant l’arrivée du système métrique, à partir de la Révolution, les régions de France avaient leurs propres unités de mesure comme on l’a déjà vu s’agissant des barriques. Ainsi, jusqu’au XIX ème siècle, et même après dans certains cas, les bouteilles n’avaient ni forme ni contenance standard. En Alsace, jusqu’à récemment, les bouteilles, appelées « flûtes », contenaient 70 centilitres. Ce fût aussi le cas ailleurs jusqu’aux années 1970 et dans le Jura une très vieille forme appelée « clavelin » existe toujours pour le vin jaune. Elle contient 62 centilitres, faisant exception à la règle actuelle européenne qui stipule une contenance de 75 cl pour une bouteille.
Les tailles des bouteilles modernes sont peut-être devenues standardisées mais les noms peuvent encore varier d’une région à une autre : le Jéroboam (3 litres) et le Mathusalem (6 litres) en Champagne et en Bourgogne s’appellent double-magnum et Impériale à Bordeaux. Et le très rare Salomon (24 bouteilles, soit 18 litres) est dénommé, quand on le trouve, Melchior en Gironde. L’origine biblique des noms des grands contenants reste mystérieuse. Bien d’autres noms sont utilisés localement, populaires ou poétiques : dans la Meuse, on appelait les bouteilles « voleuses ». Une demi-bouteille est souvent appelée « Fillette » en Val de Loire. A Lyon on connaît le « Pot », dont la contenance était de 46 centilitres mais connaissez-vous la « Désirée » Suisse et ses 50 centilitres, ou la « Grosse Panse » de Liège et ses 1,28 litres ?
Les formes des bouteilles, bien que largement standardisées, ne sont pas aussi figées qu’on l’imagine parfois. Rien n’oblige un producteur de la vallée du Rhône à utiliser une bouteille de forme bordelaise, par exemple. Et les Provençaux sont assez créatifs dans la forme de leur flacons, ce qui rend parfois très difficile le travail du caviste qui essaie de les empiler. La bouteille dite « champenoise » n’est ni une exclusivité de la Champagne, ni obligatoire pour les vins de cette région. Regardez les cuvées spéciales. Même certains châteaux bordelais s’essaient à de nouvelles formes ou plutôt aux formes d’autrefois avec le retour de la bouteille du type XVIII ème siècle (fût évasé et épaule large).
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