Château Larrivet Haut-Brion, futur grand ?
Larrivet Haut-Brion est une chartreuse du XIX ème siècle. Réputé à l’époque, le château a longuement décliné jusqu’à son rachat en 1987 par Philippe Gervoson (groupe Andros). Il a d’abord entrepris un travail de fond pour reconstituer la propriété telle qu’elle était du temps de sa splendeur.Faire le portrait d’un château de Bordeaux, c’est choisir une goutte d’eau dans un océan. La région compte 3000 châteaux, de toutes tailles, de tous profils, célèbres ou anonymes, répartis dans cet océan de vignes qu’est la Gironde. Les talents ne manquent pas, ni dans les appellations huppées, ni dans celles plus modestes de l’Entre-Deux-Mers qui regorgent maintenant d’excellentes affaires. Nous y reviendrons mais faisons cette fois escale, pour plein de bonnes raisons, dans la banlieue Sud de Bordeaux, dans l’appellation Pessac-Léognan, là où naissait il y a plus de 300 ans le concept de grand vin de Bordeaux. C’était précisément en 1663 au Château Haut-Brion, situé à une quinzaine de kilomètres du vignoble qui nous intéresse, celui de Larrivet Haut-Brion. En dehors de partager un même toponyme, Haut-Brion, qui signifie « petite colline » (ou caillou brillant), les deux châteaux n’ont pas de lien connu.
Larrivet Haut-Brion est une chartreuse du XIX ème siècle, plantée à côté d’une zone pavillonnaire de Léognan. Réputé à l’époque, le château a longuement décliné jusqu’à son rachat en 1987 par Philippe Gervoson (groupe Andros). Il a d’abord entrepris un travail de fond pour reconstituer la propriété telle qu’elle était du temps de sa splendeur. Par rachats et replantation, le vignoble est ainsi passé de 17 à plus de 70 hectares, disposés sur deux belles croupes de graves. Le foncier reconstitué, il restait à bien s‘entourer. Au détour d’un dîner, il convainc l’ami de longue date, Bruno Lemoine, de le rejoindre. Il devient la pierre qui manquait au nouvel édifice. Ingénieur agronome, passé par la Chine puis par plusieurs châteaux du Médoc, Bruno Lemoine prend ses fonctions en 2007. Le duo peut compter sur d’autres talents, dont le réputé Michel Rolland, qui prête son palais aux assemblages depuis 1995, et désormais la nouvelle génération, celle des filles de Philippe Gervoson, de plus en plus impliquées dans le domaine.
Un bon casting ne suffit pas à faire un bon film mais le scénario aussi est bien ficelé : travail sérieux et précis dans le vignoble, étude de terroir, encépagement revu et adapté, chais modernisé, élevage sur mesure. Bref, l’alchimie fonctionne et les vins gagnent chaque année en profondeur et en précision. Une large dégustation des vins du château vient de nous le confirmer. La relative jeunesse du vignoble (25 ans) « nous laisse une belle marge de progression » précise Bruno Lemoine. En route pour l’excellence ? Peut-être, en attendant, dans cet entre deux, les vins possèdent tout ce qu’il faut pour charmer : un fruit mûr, souvent très séducteur, de bons « seconds » vins (Demoiselles) à des prix attractifs et une régularité sans faille dans les deux couleurs.
Les blancs
Largement dominés par le sauvignon (80% pour le 1er vin, 100% pour le second), les blancs sont vinifiés et élevés en barriques neuves.
Les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan blanc 2008
Petite récolte suite à un coup de gel au printemps. Un beau millésime dans le verre en tout cas, aux notes de sauvignon bien mûr, servies par une touche épicée et vanillée. Texture bien souple en bouche, avec une acidité tonique qui éclaire joliment les saveurs d’agrume et d’épice. Petite amertume désaltérante.
Les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan blanc 2009
L’année chaude explique ce nez exubérant, presque exotique. C’est charnu, ample, gras, d’évolution rapide, manquant un peu de peps.
Les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan blanc 2010
En cours d’élevage et marqué par des notes de levure, le nez reste séduisant, intense, floral et fruité. L’attaque est généreuse, la texture ample, les saveurs toniques. Très beau relief en bouche. Prometteur.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan blanc 2007
Nez élégant, raffiné, notes fumées et vanillées légères. Large à l’attaque, le vin se resserre autour d’une acidité ferme et vivifiante. Beaucoup d’éclat dans ce vin en nuance.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan blanc 2008
Plus dense que le 2007 avec une matière plus concentrée et généreuse et toujours cette belle acidité qui tranche dans le fruit. Riche et structuré, très agréable à goûter aujourd’hui mais capable de gagner en harmonie avec un peu de garde.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan blanc 2009
Un fruit généreux, coing, miel, fruit exotique, une bouche large, puissante, grasse. On dirait le Sud. Pour amateurs de blancs charnus et chaleureux.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan blanc 2010
Nez riche avec un élevage déjà bien intégré. Puissant et sapide, l’acidité soutient agréablement cette belle matière luxuriante et allonge les saveurs. Très beau vin.
Les rouges
Le assemblages sont dominés par le merlot (55%) devant le cabernet sauvignon (40%) et une touche de cabernet franc (moins de 5%). Les petits verdots récemment plantés devraient à l’avenir compléter l’assemblage. « Un atout contre le réchauffement » précise Bruno Lemoine. « C’est un cépage qui donne plus d’acidité et moins d’alcool et qui fait un bon support au merlot ». Les élevages durent entre 14 et 18 mois (60% de bois neuf).
Les Demoiselles de Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan rouge 2009
Notes épicées et fumées sur fond de fruit noir au nez. Le fruit est manifestement très mûr, avec un peu de sucrosité, et une finale carrée. Il lui faudra un peu de temps pour trouver son équilibre.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan rouge 2005
Nez intense, mousse, pruneau, cassis, épice. Jolies déclinaisons de saveurs ensoleillées et évoluées en bouche. Les tanins sont un peu secs mais la bouche possède le charme d’un vin suave à maturité.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan rouge 2007
Nez fumé montrant une belle maturité dans ce millésime délicat. On aime l’élégance de la texture et l’équilibre tout en fraîcheur de ce vin au tanins fins et à la belle précision des saveurs.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan rouge 2008
Exceptionnellement le merlot domine l’assemblage (65%). Nez intense, concentré, encore très torréfié. La bouche est riche, voluptueuse, donnant une belle sensation de volume. Les tanins sont fermes mais pris dans un fruit mûr et très croquant. Belle acidité. Très beau vin taillé pour une longue garde.
Château Larrivet Haut-Brion, Pessac-Léognan rouge 2009
Nez luxuriant, de cassis concentré, fumé, un peu « Nouveau Monde
». Beaucoup d’ampleur et de rondeur dans le fruit. Tanins doux, finale mentholée. Vin riche, doux, gorgé de fruit et très séducteur.
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