Les régions viticoles Françaises

Les régions viticoles Françaises

Les régions viticoles sont nombreuses en France. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, vous pouvez parcourir les vignes qui défilent le long des routes. Voici une liste que nous espérons exhaustive.

La Champagne

Le mot « Champagne » est dérivé du latin « campagna » qui désignait une plaine, un terrain cultivé. Pline l’Ancien (23-79 ap JC) nous donne le premier témoignage de l’existence de la « vigne à vin » dans cette région de Champagne. La survie de la culture de la vigne fut assurée après la chute de l’Empire Romain par l’Eglise et notamment par les moines. Pendant tout le Moyen Age la vigne prospéra grâce aux foires de Champagne et au rayonnement de Reims, ville du sacre. Au XVIIème siècle les vins de champagne conquièrent Versailles grâce à l’entremise de quelques aristocrates influents. Concurrencés ensuite par les bourgognes, les vins de Champagne entament leur mue et commencent à « pétiller » au début du XVIII ème siècle. Pendant 200 ans, grâce au travail des maisons de négoce et aux progrès techniques, la production de champagne mousseux augmente régulièrement et les vins pétillants de Champagne se vendent aux quatre coins de la planète. Dans la deuxième moitié du XXème siècle, après 50 ans de crise, la champagne renoue avec le succès : la totalité de l’aire d’appellation est aujourd’hui en production et on envisage de l’étendre pour répondre à une demande mondiale qui ne cesse de croître.

Géographie

Les 32 000 ha du vignoble champenois, 6,7% du vignoble français en AOC (en production), sont répartis essentiellement sur les départements de la Marne, de l’Aube et de l’Aisne. Il s’agit du vignoble le plus septentrional de France. La température moyenne annuelle ne dépasse pas 10.5°C et les précipitations sont relativement faibles, 700 mm d’eau par an, soit moins qu’à Bordeaux. L’ensoleillement, bien que faible (1700 heures par an) est concentré entre juin et septembre au moment où la vigne en a le plus besoin. Ces conditions géographiques extrêmes rendent nécessaire la pratique de l’assemblage, c’est à dire le « mélange » de vins issus de différents millésimes et de différents villages afin de compenser les variations de qualité d’une année sur l’autre. Elles expliquent également la nature de la production champenoise : des vins blancs, naturellement assez vifs, que l’on arrondira au cours de la vinification et de l’élevage. La plupart des vignes sont en coteaux, sur des sols à dominante calcaire qui régulent l’apport en eau et hâtent la maturation des vignes en stockant la chaleur.

On distingue 5 sous-régions dans l’ensemble champenois :

  • La Montagne et le Val de Reims (7960 ha), fief du pinot noir
  • La vallée de la Marne (11 590 ha), fief du pinot meunier
  • La Côte des Blancs, l’un des fiefs du chardonnay
  • le Sézannais (5800 ha), l’autre fief du chardonnay
  • La Côte des Bar dans l’Aube (6 810 ha), fief du pinot noir

Vinification

La spécificité du vignoble réside dans le type de vin produit : un vin effervescent, essentiellement blanc (98% de la production) obtenu selon une technique particulière à la Champagne, la “méthode champenoise ” :

  • On produit d’abord des vins blancs tranquilles que l’on assemble en fonction du résultat souhaité. On assemble des vins provenant de différents crus, de différents cépages et d’années différentes (à l’exception des champagnes dits millésimés).
  • Au moment de la mise en bouteille, au début de l’année qui suit la récolte, après embouteillage on ajoute un mélange de sucre et de levure au vin tranquille. Une seconde fermentation se produit alors en bouteille et le CO2 dégagé reste prisonnier de la bouteille (c’est la « prise de mousse »).
  • Après une période de vieillissement, les levures mortes sont retirées selon une technique spécifique (le remuage). On procède ensuite au dosage : on ajoute un mélange de vin et de sucre afin « d’arrondir » l’acidité naturellement très vive des vins de Champagne. La quantité de « liqueur de dosage » ainsi ajoutée déterminera le « goût » du vin, de « brut » à « doux ». Les bouteilles reposent ensuite en cave au minimum 15 mois avant leur commercialisation.

Cépages et vins

La plupart des champagnes résultent d’un assemblage de 2 ou 3 cépages : en blanc le chardonnay, en rouge le pinot noir et le pinot meunier. La mention « Blanc de blancs » indique que le vin est issu exclusivement de cépages blancs (presque exclusivement du chardonnay) et la mention « Blanc de Noirs » est réservée aux champagnes vinifiés à partir de raisins rouges.

Chacun de ces cépages possède ses propres caractéristiques gustatives : vivacité, fraîcheur, finesse pour le chardonnay, souplesse et fruité pour le pinot meunier, structure et complexité pour le pinot noir. Le recours à tel ou tel, dans une proportion déterminée, aura nécessairement un grand impact sur le style de champagne produit.

D’autres cépages sont autorisés en Champagne, tels le pinot gris, le pinot blanc, l’arbanne ou le petit meslier, mais ils ont quasiment disparu après le phylloxéra. Quelques rares producteurs continuent cependant à en entretenir le souvenir.

Le type d’un champagne varie en fonction de sa couleur (blanc ou rosé), de sa nature, non-millésimé (un assemblage de vins issus de deux ou trois récoltes) ou millésimé (issu d’une seule récolte), enfin de la quantité de sucre que l’on ajoute en fin de vinification (le « dosage») :

  • brut nature ou non dosé : moins de 3g/l
  • extra-brut : entre 0 et 6 g/l de sucre
  • brut : moins de 15 g/l
  • extra dry : de 12 à 20 g/l
  • sec (ou dry) : de 17 à 35 g/l
  • demi-sec : de 33 à 50 g/l
  • doux : plus de 50 g/l

Le style dépendra de la proportion de chaque cépage dans l’assemblage, de la qualité de la matière première (le raisin), des techniques mises en œuvre pour la vinification et de la durée et de la qualité du processus de vieillissement. Dans l’univers du Champagne le « Brut » a une vocation particulière : c’est à travers lui que chaque Maison de Champagne soigne son identité avec un style identifiable qu’elle s’attache à reproduire d’année en année (en jouant sur les assemblages) pour fidéliser sa clientèle. Les vins millésimés sont, en général, issus de belles années et possèdent une grande capacité de garde. Enfin, les cuvées spéciales, millésimées ou non, qui se sont multipliées ces dernières années, sont des champagnes ayant fait l’objet d’une sélection drastique des raisins. Elles constituent le sommet de la pyramide de ce qu’offre la région.

Bordeaux

Lorsque le poète Ausone décrit le vignoble de Bordeaux en 379, la vigne a déjà conquis l’Entre-Deux-Mers et les rives de la Garonne. Depuis plusieurs siècles, la ville est une étape commerciale sur la route maritime qui relie l’Europe du sud à l’Europe du nord et son vin est devenu un important objet d’échange. Après les siècles sombres qui suivent la chute de l’Empire romain, le vignoble progresse spectaculairement à partir du XI ème siècle. Le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II en 1152 fait de la Gironde une province anglaise et de son vignoble le cellier de l’Angleterre. La Guerre de 100 ans met temporairement fin à l’influence britannique au profit des Hollandais qui seront les grands négociants de la place bordelaise jusqu’au XVII ème siècle. C’est à cette époque que se développe outre Manche, dans une fraction de l’aristocratie, la mode pour les « new french claret », des vins plus foncés et plus corsés que les clarets (rosés) traditionnels, issus des vignobles de graves de la rive gauche. S’en suit une « fureur de planter » qui transforme le Médoc en une mer de vignes. Au début du XIX ème siècle, la réputation des meilleurs châteaux est déjà établie, cinquante ans avant le classement de 1855. Après un âge d’or qui dura deux siècles, le vignoble bordelais entame une longue traversée du désert, depuis les premières attaques du phylloxéra vers 1875 jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. C’est seulement après 1970 que Bordeaux renoue avec son prestige. L’audience internationale de Bordeaux a aujourd’hui considérablement fait monter les prix de ses vins les plus renommés mais ce vignoble, qui est la plus vaste région d’AOC de France, a bien d’autres cordes à son arc et propose aussi beaucoup d’excellents vins très abordables pour le commun des mortels.

Géographie

Plus vaste région d’appellation de France, levignoble de Bordeaux couvre 125 000 hectares dans le département de la Gironde. Il est disposé le long de la Garonne et de la Dordogne qui se rejoignent au Bec d’Ambès pour former l’estuaire de la Gironde. Ces deux fleuves divisent le vignoble en trois sous-ensembles : la rive droite de la Dordogne et de la Gironde (Le Libournais, Saint-Emilion, Pomerol, Bourg et Blaye), l’Entre-Deux-Mers entre Dordogne et Garonne, et la rive gauche de la Garonne et de la Gironde (Graves et Médoc).

L’Océan Atlantique régule tout au long de l’année le climat maritime de Bordeaux. Aux hivers doux succèdent des printemps plutôt frais et humides (parfois sujets aux gelées et à la grêle), puis des étés chauds et ensoleillés. L’arrière saison est souvent très clémente et permet la production de vins liquoreux, issus de raisins récoltés en surmaturité. La nature des sols joue un rôle important dans l’ensemblebordelais, car elle détermine en partie l’implantation des différents cépages. Sur la rive gauche, l’élément déterminant est la présence de croupes de graves (éléments caillouteux, galets, graviers) bien drainées et dont le fort pouvoir d’accumulation de la chaleur, permet au cabernet sauvignon notamment d’atteindre une bonne maturité. Sur la rive droite, les sols sont plus frais et humides avec des structures complexes associant le calcaire, l’argile, les sables et, plus rarement, des graves. Entre Garonne et Dordogne, les sols sont essentiellement argilo-calcaire.

Cépages et vins

En rouge comme en blanc, les vins de Bordeaux résultent pour l’écrasante majorité d’un assemblage de plusieurs cépages.

En rouge, Bordeaux a donné ses lettres de noblesse au cabernet-sauvignon, né dans la région sans doute au cours du XVIII ème siècle. Il a trouvé dans les sols graveleux et chauds de la rive gauche des terroirs à sa mesure. Presque systématiquement assemblé à d’autres variétés (merlot et cabernet franc surtout), il produit des vins relativement austères dans leur jeunesse, marqués par la fermeté de leur structure entre tanins et acidité qui en font des vins de moyenne ou de longue garde. Avec une plus forte proportion de merlot, les vins de la région des Graves montrent davantage de souplesse et sont généralement à boire plus rapidement que les médocs, plus lents à se faire mais qui peuvent dévoiler à maturité une grande complexité et une incomparable élégance. Jadis très répandu, le petit verdot n’occupe plus qu’une faible surface mais on l’apprécie pour l’acidité et la couleur qu’il peut apporter aux assemblages. Hors de la rive gauche, le merlot est roi. Le style de ses vins oscille du fruité et souple dans les appellations situées dans l’Entre-deux-mers au plus profond et charnu à Pomerol ou Saint-Emilion notamment. Dominant dans les assemblages, il est complété par les cabernets et plus rarement par le malbec. Bien qu’il ne soit pas systématique, l’élevage en barriques (neuves ou non) est la règle à Bordeaux : les vins en tirent davantage de rondeur, de richesse et de complexité.

En blanc, le sémillon et le sauvignon sont les deux grands cépages de la Gironde. La plupart des cuvées sont issues d’un assemblage des deux, parfois complétés par une touche de muscadelle, cépage fragile mais apprécié pour ses arômes. Le sauvignon apporte la fraîcheur et les arômes vifs aux assemblages, le sémillon, la structure et le volume. Le style des vins oscille donc du léger et frais (Entre-Deux-Mers ou AOC Bordeaux) au plus onctueux et complexe en fonction des assemblages. La région des Graves offre les blancs les plus accomplis, parfois vinifiés en barriques (à Pessac Léognan notamment). Bordeaux produit également de magnifiques liquoreux, issus de raisins surmûris ou « botrytisés », c’est-à-dire attaqués par un champignon qui concentre dans chaque baie les sucres et l’acidité. Sauternes et Barsac offrent les plus profonds et les plus réputés d’entre eux.

Le Sud-Ouest

Comme pour la plupart des vignobles français, les Romains ont été les premiers à diffuser la culture de la vigne dans cette région mais c’est aux monastères et aux abbayes que l’on doit le développement d’un vignoble significatif.

Histoire

Certains vins du Sud-Ouest ont rencontré un succès précoce, comme le Cahors qui s’exportait massivement en Angleterre dès le XIII ème siècle. Mais malgré quelques autres réussites commerciales ponctuelles, les vins de Madiran ou ceux de Jurançon par exemple, la région a très longtemps pâti de la domination de Bordeaux qui contrôlait l’accès à la mer et taxait les vins du « Haut-Pays » pour se débarrasser d’une concurrence gênante. D’autres vignobles, très enclavés, ont souffert de l’absence d’axes de communication majeurs. L’intérêt porté aux vins du Sud-Ouest est un phénomène relativement récent. Depuis les années 1980, de gros efforts ont été faits pour améliorer la qualité de la production sans renoncer à exploiter des cépages dont certains constituent une originalité dans le paysage viticole français. Le Sud-Ouest offre aujourd’hui une palette de types et de styles sans équivalent en France et regorge d’excellentes affaires à condition de pouvoir faire le tri.

Géographie

Si l’on excepte le Bordelais dont l’importance nécessite un traitement à part, les vignobles du Sud-Ouest couvrent près de 26 000 ha en AOC, répartis sur une dizaine de départements. La dispersion des appellations sur ce vaste périmètre empêche toute généralisation. On peut distinguer trois sous-régions : les vignobles de la grande périphérie bordelaise, autour de la Dordogne et de la Garonne (Bergerac, Marmandais et Buzet, plus en amont), ceux de la vallée du Lot et du Tarn (Cahors, Gaillac, Frontonnais), et ceux plus méridionaux du Bassin de l’Adour qui regroupe des appellations à forte personnalité comme Jurançon, Madiran ou Irouleguy. En matière climatique, l’Atlantique exerce partout son influence, mais d’autres facteurs, comme l’altitude, peuvent jouer localement un rôle déterminant. Le climat est essentiellement de type océanique, c’est-à-dire tempéré, sauf vers l’intérieur. Les gelées hivernales sont rares et le printemps apporte souvent fraîcheur et humidité. Aux étés chauds et ensoleillés succèdent des automnes très doux qui permettent une bonne maturation, voire surmaturation du raisin. La composition des sols varie évidemment selon les régions mais la plupart des vignes sont installées sur les terrains sédimentaires (calcaire, molasses) d’âge tertiaire du Bassin Aquitain ou sur les alluvions d’origine fluviale, à l’exception de quelques vignobles périphériques comme celui d’Irouleguy, situé sur le piémont pyrénéen.

Cépages et vins

Le Sud-Ouest possède une variété très intéressante de vins : blancs secs ou moelleux et rouges de tous styles. On compte 25 appellations et une palette large et parfois très originale de cépages. Les appellations de la grande périphérie bordelaise ont recours aux cépages girondins voisins (cabernet sauvignon, cabernet franc et merlot pour les rouges, sémillon, sauvignon et muscadelle pour les blancs). Les Bergerac, Marmandais, Duras et Buzet partagent donc un certain air de famille : des rouges moyennement fruités avec des structures plus ou moins tanniques et des blancs dont le caractère oscillera du vif et aromatique au plus puissant et gras. Bergerac offre en plus des liquoreux parfois somptueux, qui sont parmi les plus opulents de France. Les vignobles de la vallée du Lot et du Tarn jouent la carte de la diversité. En rouge, Gaillac offre des vins plutôt légers, souples et épicés issus de cépages locaux ou importés (brocol, duras, syrah, gamay), Fronton utilise la négrette qui donne rondeur et parfum (violette) à ses rouges et ses rosés (parfois très bons), tandis que Cahors doit sa réputation à ses vins « noirs » denses et tanniques issus du malbec (appelé localement auxerrois et parfois côt). Les blancs sont plus rares, mais Gaillac en offre une belle variété : secs, liquoreux ou « perlants » (légèrement pétillants) issus de cépages rares comme le mauzac, le len de l’el ou l’ondenc.

Les appellations du Bassin de l’Adour recèlent quelques pépites : en rouge ce sont les madirans et les irouléguy, denses, austères et de longue garde. En blanc, le manseng est à l’origine des excellents vins de Jurançon et de Pacherenc, qu’ils soient liquoreux ou secs.

La Bourgogne

Les témoignages de Columelle, écrivain romain, et Strabon, géographe grec, prouvent l’existence d’un vignoble en Bourgogne dès le I er siècle de notre ère.

Histoire

Après la chute de l’Empire, l’Eglise maintient une viticulture autour des établissements monastiques. A partir du X ème siècle, le vignoble se développe considérablement grâce à l’essor des abbayes de Cluny puis de Cîteaux. Pendant des siècles, c’est au sein des monastères que s’ébauche et se transmet un savoir bâti sur l’observation de la vigne et la connaissance des parcelles. Les ducs deBourgogne seront ensuite de puissants prescripteurs et concourront à faire connaître les vins dans le Royaume et au-delà. L’un d’eux, Philippe le Hardi, édicte en 1395 un ensemble de mesures dont la plus connue est le bannissement du « très déloyal plant nommé gamay » au profit du pinot noir. Les vins de Bourgogne feront leur entrée à la cour de Versailles grâce aux « prescriptions » du médecin Fagon qui en recommande l’usage à Louis XIV en 1693. A la Révolution les biens du clergé et d’une partie de la noblesse sont confisqués et mis aux enchères. Les gigantesques possessions de l’Eglise sont démembrées et rachetées par lots par la bourgeoisie bourguignonne ou parisienne. Des maisons de négoce se constituent à Beaune et prospèrent tout au long du XIX ème siècle, alors que la hiérarchie future des appellations prend forme. A la fin du XIX ème siècle le phylloxéra dévaste le vignoble. Les guerres mondiales et la crise économique des années 1930 retardent longtemps sa reconstruction. La renaissance des vins de Bourgogne date des années 1970.

Géographie

Le vignoble couvre 30 000 hectares, soit moins du quart du vignoble bordelais. L’essentiel est situé le long d’un axe nord/sud qui court de Dijon, en Côte d’Or, à Mâcon, en Saône-et-Loire, en traversant successivement la Côte de Nuits, la Côte de Beaune, la Côte chalonnaise et le Mâconnais. Seul le vignoble de l’Yonne, autour d’Auxerre et de Chablis, est détaché de cet ensemble. Le climat est globalement de type continental, marqué par des étés chauds et des hivers rudes. Les périodes estivales peuvent donner lieu à de fortes précipitations mais le plus grand péril réside dans les gelées de printemps auxquelles l’Yonne est particulièrement exposée. D’une année sur l’autre, les irrégularités du climat ont un fort impact sur le caractère des raisins récoltés et la notion de millésime prend, en Bourgogne, tout son sens. L’essentiel du vignoble est assis sur des coteaux orientés au sud et/ou à l’est, bien exposés au soleil et protégés des vents humides venus de l’ouest. Le vignoble de l’Yonne et du Mâconnais s’appuie sur une série de collines tandis que de Dijon à Montagny, il repose sur les contreforts est du Massif Central qui surplombent la plaine de la Saône. Les sols sont pauvres et bien drainés, constitués principalement de calcaire souvent mêlé à des argiles, des marnes, des sables, des graviers ou des silices. La Bourgogne a poussé loin l’observation et l’individualisation de ses différentes parcelles de vignes. Le système des AOC s’est appuyé sur ce travail, entamé il y a 1000 ans par les moines, qui met la notion de « climat » (parcelle identifiée par une unité de terroir) au cœur de son organisation. On recense une centaine d’appellations, organisées de façon pyramidale et hiérarchisée en cinq niveaux :

  • Appellation générique ou régionale : ex: Bourgogne Rouge
  • Appellation sous-régionale : ex: Mâcon Blanc
  • Appellation Village : ex: Gevrey Chambertin
  • Appellation Premier Cru : issue d’une parcelle classée en 1er cru et située dans un village, ex: Gevrey Chambertin Cazetiers
  • Appellation Grand Cru : issue d’une parcelle classée en grand cru et située sur une commune qui n’est pas mentionnée dans l’appellation, ex: Charmes-Chambertin (sur la commune de Gevrey-Chambertin).

Pour des raisons historiques, le vignoble bourguignon est très fragmenté. Les crus et les parcelles appartiennent rarement à un seul propriétaire. Cette atomisation de la propriété, conjuguée à la centaine d’appellations répertoriées, fait de la Bourgogne viticole un véritable casse-tête pour l’amateur peu averti mais aussi une incomparable source de richesse.

Cépages et vins

Le chardonnay et le pinot noir constituent l’écrasante majorité des variétés cultivées. Le chardonnay est le principal cépage blanc et couvre aussi bien les appellations les plus modestes que les parcelles les plus réputées. La variété de ses expressions est à la hauteur de la diversité des terroirs : fin, ciselé, d’une grande pureté aromatique à Chablis, il gagne en opulence et en rondeur à Meursault ou en souplesse dans le Mâconnais. En rouge, le pinot noir est roi. C’est un cépage difficile et exigeant. C’est pourquoi il est parfois admirable, et parfois exécrable ! Il donne des vins peu soutenus en couleur, aux arômes fruités et épicés dont le corps oscille du souple et frais au plus charnu et structuré. Chacun dans leur style, les grands rouges conservent cette élégance et cette finesse qui font d’eux des vins uniques.

Théoriquement, les vins sont censés gagner en intensité et en concentration au fur et à mesure que l’on s’élève dans l’échelle des appellations mais rappelons qu’un premier ou un grand cru n’est qu’un potentiel réalisé ou non par le vigneron qui en possède une parcelle. En Bourgogne, la signature du propriétaire est au moins aussi importante que le nom ou le prestige de l’appellation.

Il existe quelques autres cépages. En blanc, l’aligoté a longtemps été décrié pour son acidité féroce et sa raideur mais, entre de bonnes mains, il donne des vins d’une étonnante finesse (à Bouzeron notamment). Le gamay reste fréquent en Saône-et-Loire et produit des vins simples mais fruités et gourmands. On trouve également un peu de sauvignon à Saint-Bris et de césar, sacy ou tressot dans l’Yonne.

L’Alsace

Planté autour du IIème siècle de notre ère par les Romains, puis en déclin après la chute de l’Empire, le vignoble se développe sous les dynasties mérovingiennes et carolingiennes grâce aux évêchés, abbayes et monastères, créés en grand nombre. Les vins d’Alsace connaîtront jusqu’au XVI ème siècle un premier âge d’or : exportés dans toute l’Europe du Nord, ils font l’objet d’une réglementation sur les cépages, la vinification et la commercialisation. Leur réputation est tenue en haute estime. Ravagé pendant la guerre de Trente ans (1618-1648), le vignoble est progressivement replanté dans les zones de plaine à l’aide de cépages médiocres. Il couvrira jusqu’à 30 000 ha en 1828, mais les vins ont perdu leur réputation d’excellence. Puis viennent le phylloxéra et les guerres franco-allemandes dont l’Alsace est au coeur. En 1918, il ne reste plus que 9000 ha d’un vignoble en mauvais état et à la notoriété très affaiblie. A la fin des années 1940, les partisans d’une production de qualité imposent leur vue. On abandonne les hybrides au profit de cépages de qualité et le vignoble reconquiert les coteaux longtemps abandonnés. Il faudra encore une quinzaine d’années avant que l’Alsace se voit octroyer le statut d’AOC (1962).

Géographie

Avec ses 15 300 hectares plantés, le vignoble alsacien représente environ 3% du vignoble français en appellation contrôlée. Situé à l’extrême nord-est de la France, il s’étend sur les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin entre les Vosges et la plaine d’Alsace, et couvre une étroite bande de terre, essentiellement en coteaux, d’environ 120 km de long sur une largeur n’excédant que rarement 4 km. Le climat du nord-est de la France est marqué par des influences continentales (étés chauds et des hivers froids et relativement secs). Toutefois la logique des latitudes est pondérée par la situation originale du vignoble, assis sur les contreforts est des Vosges et bénéficiant à la fois de la protection du massif (précipitations trois fois inférieures à celles des sommets) et d’un effet de foehn (vent tiède). Les arrières saisons sont donc particulièrement clémentes et les raisins bénéficient d’excellentes conditions de maturation. Les sols sont globalement pauvres, chauffants et bien drainants mais leur composition est d’une extrême complexité : sur des socles anciens, parfois affleurants, formés de roches volcaniques, se juxtaposent des grés, des calcaires ou des loess.

Cépages et vins

L’encépagement alsacien est l’un des plus originaux de France. A côté des pinot blanc, muscat, sylvaner, pinot gris ou pinot noir (unique cépage rouge), la région a emprunté à l’Europe Centrale deux variétés à l’origine des vins les plus connus d’Alsace : le riesling et le gewurztraminer (40% des surfaces plantées à eux deux). Les vins blancs représentent 92 % de la production et l’essentiel est constitué de vins issus d’un seul cépage dont le nom, fait rare parmi les AOC françaises, figure sur l’étiquette. L’écrasante majorité des vins sont « secs » mais certains d’entre eux conservent une proportion variable de sucre résiduel qui donnera une sensation de douceur plus ou moins marquée au vin.

Quatre cépages sont dits « nobles », ce qui leur confère le droit d’arborer la mention « grand cru » s’ils proviennent de l’une des 51 parcelles classées en Grand Cru. Le Gewurztraminer possède un caractère rond et généreux, des arômes particulièrement exubérants et identifiables, entre fleur et fruit exotique et un moelleux plus ou moins affirmés. Le pinot gris partage cette rondeur mais dans un registre aromatique plus discret. Le riesling serait presque l’antithèse du gewurztraminer : des vins fins, subtils, parfois de longue garde, bâtis autour de leur acidité et dont le style sera très variable en fonction des vignobles. Le muscat, plutôt rare, montre un caractère fruité très agréable et une certaine puissance. Les cépages dits secondaires sont parfois dignes d’intérêt, en particulier le pinot blanc qui peut donner des vins souples et très gourmands. En rouge, le pinot noir se décline en vins rouges ou rosés légers et fruités, même si quelques producteurs en tirent de belles cuvées charnues et structurées, dans un style bourguignon.

Les demi-secs et liquoreux sont l’un des points forts de la région. On produit, grâce aux conditions climatiques très clémentes de la fin de l’été et de l’automne, des Vendanges Tardives et des Sélections de Grains Nobles parfois somptueuses.

Il existe enfin quelques vins d’assemblages (Gentil ou Edelzwicker) ainsi qu’une significative production de crémants.

La vallée du Rhône

En 71 après JC l’écrivain romain Pline l’Ancien évoque un excellent vin produit par la tribu des Allobroges dans les environs de Vienne. Ce fut sans doute l’unique vin authentiquement « gaulois ».

La vallée du Rhône était dans l’Antiquité une importante voie de passage permettant de relier la France du Sud à la France du Nord. Les Romains développèrent la vigne et celle-ci prospéra jusqu’à la chute de l’Empire. Les textes font peu mention des vignobles du Rhône pendant tout le Moyen-Age, à l’exception notable des vignes entourant Avignon où les Papes se sont brièvement installés au XIV ème siècle. En 1446 la ville de Dijon interdit le passage en Bourgogne de tous les vins produits autour de Lyon, Tournon et Vienne en prétextant leur mauvaise qualité. Il faudra attendre le XVIII ème siècle pour que quelques crus de la partie nord du Rhône (Hermitage) accèdent à la notoriété. Le développement de la vigne est spectaculaire au siècle suivant jusqu’à l’apparition du phylloxéra. Au XX ème siècle, la région participe activement à la naissance des AOC en instituant à Châteauneuf du Pape dès 1923 un ensemble de règles destinées à se protéger des imitations et des fraudes. Mais ce n’est que dans les années 1970 et 1980 que les vins de la vallée du Rhône bénéficient d’un réel engouement grâce aux critiques et aux négociants anglais et américains. La région offre aujourd’hui de très grands vins, de réputation mondiale, rares et chers, mais aussi pléthore d’excellents vins de très bon rapport qualité prix qui en font l’une des régions les plus attractives de France.

Géographie

Les vignobles suivent le cours du fleuve au sud de Lyon, entre Vienne et Avignon, sur une distance de 200 kilomètres. On distingue deux sous-régions : les Côtes du Rhône septentrionales (3100 ha en AOC) qui s’étendent de Vienne à Valence sur 65 km et les Côtes du Rhône méridionales (76 000 ha en AOC) qui couvrent les départements de l’Ardèche, du Vaucluse, du Gard et de la Drôme. Cette partie méridionale est de loin la plus importante en superficie.

Les deux vignobles du Rhône se rattachent à des zones climatiques différentes. Le Nord appartient au domaine continental marqué par des hivers froids et des étés chauds, voire caniculaires pour les parcelles des coteaux les plus escarpés. Le Sud appartient à la zone méditerranéenne, les amplitudes thermiques y sont moins importantes (hivers doux) et le soleil omniprésent. L’autre fait marquant du climat est la forte influence du mistral, un vent parfois violent et asséchant qui souffle du Nord vers le Sud en s’engouffrant dans la vallée. Les vignobles du Rhône septentrional sont pour la plupart situés en coteaux (parfois spectaculaires) sur des sols anciens (granitiques). Au Sud, le relief est plus doux, formé d’une série de plateaux sur la rive droite et de collines de faible altitude sur la rive gauche, avec des sols essentiellement sédimentaires.

Au Nord dominent des appellations locales, des « crus », de taille modeste, et au Sud essentiellement des appellations régionales, plus étendues, avec la présence de quelques crus de taille plus modeste (Vacqueyras, Gigondas, Châteauneuf-du-Pape, Lirac ).

Cépages et vins

Au Nord, on produit essentiellement des vins rouges à partir de la syrah (à laquelle on peut ajouter un peu du cépage blanc viognier). Ce sont des vins plutôt puissants, qui combinent structure et fruité avec de notables différences de styles entre, par exemple, des crozes-hermitage plutôt souples et friands et des cornas concentrés et très tanniques. Certains (Côte-Rôtie, Hermitage, Cornas) possèdent de grandes capacités de garde et développent à maturité leur très beau potentiel, entre plénitude, finesse et complexité. Les quelques blancs sont issus d’un assemblage de marsanne et de roussanne à l’exception des petites appellations Condrieu et Château Grillet qui utilisent exclusivement le viognier, cépage donnant des vins capiteux aux beaux arômes exubérants.

Les vins du sud, très majoritairement rouges, sont le plus souvent issus d’assemblages composés à partir des 23 cépages autorisés parmi lesquels le grenache (largement dominant) et la syrah qui se taillent la part du lion. Le mourvèdre, le carignan et le cinsault, pour ne citer que les plus utilisés, complètent parfois les assemblages. Ces vins apparaîtront plus souples et plus chaleureux que leurs homologues du Nord même si certains crus comme Châteauneuf du Pape ou Gigondas offrent des vins dotés de belles structures. En blanc, le grenache blanc, le bourboulenc, la clairette, la marsanne ou la roussanne sont à l’origine de vins puissants, gras et moyennement aromatiques. Tavel, dans la partie sud, s’est fait une spécialité des rosés puissants et vineux, très différents des rosés aujourd’hui à la mode. On produit aussi quelques vins mutés blancs et rouges (Muscat de Beaume de Venise et Rasteau) ainsi que des vins effervescents dans le Diois (Clairette) et à Saint-Péray.

Châteauneuf du Pape

Châteauneuf est à l’origine un bourg fortifié du Vaucluse, situé à quelques kilomètres du Rhône, qui devient sous Jean XXII vers 1316 la résidence d’été des papes d’Avignon, d’où le suffixe « du Pape » qui lui sera accolé opportunément bien plus tard (en 1893).

Du grenache et des galets

Châteauneuf est à l’origine un bourg fortifié du Vaucluse, situé à quelques kilomètres du Rhône, qui devient sous Jean XXII vers 1316 la résidence d’été des papes d’Avignon, d’où le suffixe « du Pape » qui lui sera accolé opportunément bien plus tard (en 1893). On doit aussi à ce cadurcien de naissance le développement sur place d’un vignoble qui devient au début du XX ème siècle le laboratoire d’élaboration de l’appellation contrôlée en France grâce notamment au Baron Leroy de Boiseaumarié, juriste et vigneron, propriétaire du château Fortia et fondateur de l’INAO.

L’appellation aux 13 cépages autorisés (qui peuvent théoriquement entrer dans l’assemblage du rouge) est surtout le fief du grenache noir qui constitue la base des assemblages et parfois l’unique composant. Ce cépage qui aime la chaleur et craint l’humidité trouve ici des conditions à peu près idéales : sols chauds (sables et grès) localement recouverts par une épaisse couche de galets roulés et ensoleillement généreux (2800 heures par an). Derrière, la syrah et le mourvèdre sont les plus utilisés et apportent tanins, fraîcheur et finesse aux vins. Un châteauneuf est toujours un vin puissant, intense, au fruité bien mûr et expansif. Cette force se manifeste en bouche par une sensation d’amplitude et de chaleur mais les meilleurs y ajoutent une dimension de finesse et de complexité venant avec le temps et qui justifient son statut de cru vedette du Rhône sud. Depuis que la presse anglo-saxonne puis internationale leur a tressé des lauriers, le prix des châteauneufs a considérablement augmenté, d’autant que la production est faible (3200 hectares en production, rendements maximum de 35 hectolitres par hectare). En achetant une bouteille de Châteauneuf vous paierez forcément un peu (parfois beaucoup) de cette notoriété.

Les styles : les Anciens et les Modernes

Au-delà des différences de terroirs et d’assemblages, plusieurs styles s’opposent ou plutôt se complètent : des vins dits « traditionnels » parfois non égrappés, aux tanins vigoureux, vieillis en foudre ou cuve béton, qui donnent leur meilleur après de longues gardes, et des vins dits « modernes », plus charnus, plus arrondis, élevés en barriques et plus immédiatement séducteurs, avec entre les deux, et heureusement, une large palette de déclinaisons. Les derniers millésimes appuient encore les contrastes à l’intérieur de l’AOC : 2004 et 2006 offrent des vins plutôt élégants, équilibrés, aux tanins fermes et à la jolie fraîcheur, 2005 et 2007 des vins très mûrs, charnus et gorgés de fruit. Même s’il est encore trop tôt pour juger, 2008 a pâti de conditions météorologiques exceptionnellement humides et les vins souffrent d’une certaine dilution et d’un manque de chair inhabituel.

Préférez les rouges

Châteauneuf a conservé également une tradition de blancs secs : des vins ronds, tendres et assez aromatiques avec des arômes très caractéristiques entre poire, amande amère et notes florales, assez uniformes en style, les meilleurs parvenant à préserver ce qu’il faut de fraîcheur. Si beaucoup restent agréables et quelques-uns très bons, les prix des blancs ne paraissent pas toujours justifiés, et il y a moyen de prendre autant de plaisir à moindre coût dans quelques-unes des appellations périphériques (Cairanne et Vacqueyras par exemple).

Les châteauneufs à table

Les châteauneufs sont des vins puissants, plus ou moins tanniques selon les cuvées. On peut recommander presque toute la gamme des viandes : viandes rouges, viande en sauce, gibier (marcassin, sanglier, lièvre, faisan, chevreuil, grouse…), agneau, volaille grasse, tagine, moussaka, par exemple. La chaleur et la force des jeunes châteauneufs autorisent aussi des accords avec des plats (modérément) épicés. A l’inverse, on évitera d’associer aux vins à maturité des saveurs trop puissantes (comme certains gibiers).

Le Beaujolais

La région est située le long de l’ancienne route commerciale romaine qui suivait les vallées du Rhône et de la Saône. Dès les premiers siècles de notre ère, la vigne est donc présente sur ces coteaux, en poches discontinues comme celle baptisée Brulliacus (Brouilly), devenue aujourd’hui l’un des « crus » du Beaujolais. Après la chute de l’Empire, les moines furent les principaux artisans du maintien puis du développement de la culture de la vigne. Le Beaujolais doit son nom à la puissante maison des Beaujeu qui se tailla, entre les IX ème et XIV ème siècles, un territoire important entre le Mâconnais et le Lyonnais. Au XVII ème siècle, l’ouverture du canal de Briare ouvre une nouvelle ère pour ces vins, dont la consommation était jusqu’alors essentiellement locale. A Paris, ils sont à la mode dès les années 1780. Mais c’est au siècle suivant qu’ils deviennent réellement populaires lorsque le chemin de fer permettra de les acheminer massivement à moindre coût. Le XIXème siècle est ainsi le siècle d’or du Beaujolais qui voit son vignoble s’étendre vers le sud grâce aux soifs lyonnaises et parisiennes. Puis suivront 50 années de crise jusqu’aux lendemains de la seconde Guerre Mondiale où la région se relève grâce aux efforts des négociants. La vogue des beaujolais nouveaux à partir des années 1960 participera largement à la notoriété de la région à travers le monde.

Géographie

Le vignoble du Beaujolais couvre près de 22 000 ha. Il s’étend sur la rive droite de la Saône entre le sud de Mâcon et le nord de Lyon. Sur ce relief doux, ses longs coteaux descendent à faible altitude. Prolongement sud de la Bourgogne, la région est soumise à un climat de type continental modéré avec des écarts de température entre saisons qui peuvent être très importants (-20 à 38°C entre l’hiver et l’été). Pendant la saison végétative et de maturation le climat reste assez tempéré avec une pluviométrie moyenne. L’ensoleillement est favorable à la culture de la vigne d’autant plus que le vignoble est situé sur un ensemble de petites collines, exposées est / sud-est, et protégées des vents d’ouest, froids et humides. Les sols sont pauvres mais de nature très différente dans les zones nord et sud. Dans la moitié sud, entièrement dédiée à l’appellation Beaujolais, les sols sont essentiellement calcaires. Au nord, les crus et l’appellation Beaujolais Villages prennent appui sur des sols granitiques et schisteux où la roche mère affleure parfois. Ces différences de sols, conjuguées au jeu des expositions, peuvent contribuer à expliquer les différences de style entre vins du Nord et vins du Sud.

Cépages et vins

L’écrasante majorité de la production est issue d’un seul cépage, le gamay, vinifié en rouge et très rarement en rosé. Ce vieux cépage, bouté hors de la Bourgogne par Philippe le Hardi en 1395, est implanté dans la région depuis au moins 800 ans. Comme le chardonnay et plusieurs autres variétés, il est issu d’un croisement entre le gouais, vieux cépage rustique, et le pinot noir. Son débourrement hâtif le rend sensible aux gelées de printemps. Son cycle végétatif est court, ce qui le classe dans les cépages précoces. Peu vigoureux, fertile, il est particulièrement difficile à conduire. Il nécessite, si l’on veut maîtriser sa vigueur et juguler ses rendements, des soins très minutieux (forte densité de plantation, taille courte, vendange en vert). Son expression variera cependant en fonction des vignobles : dans les zones d’appellation « Villages » et « Beaujolais », les vins sont très fruités, légers et à boire jeune, dans les crus ils peuvent posséder davantage d’amplitude, de structure et devenir des vins de moyenne garde (notamment dans les crus de Morgon ou Moulin à Vent). Il faut faire un cas à part des « Beaujolais Nouveau », qui sont des vins primeurs issus d’une vinification particulière, la macération carbonique, méthode qui encourage l’expression d’arômes très typés. Bien que produits en très faible quantité, il existe également des beaujolais blancs, exclusivement issus du chardonnay, dans un style assez rond et aromatique.

Les appellations

Beaujolais : 10 000 ha, 70% de la production vendus en primeur. Beaujolais Villages : 6000 ha Les 10 crus du Beaujolais : Saint Amour, Juliénas, Chenas, Moulin à Vent, Fleurie, Chiroubles, Morgon, Régnié, Côte de Brouilly, Brouilly qui totalisent autour de 6000 ha.

La Vallée de la Loire

La vigne a été introduite dans la région probablement à l’époque gallo-romaine. Le développement des monastères dans le Haut Moyen-Age a permis l’extension des vignobles tout le long de la vallée de la Loire. Celle-ci constituait un axe commercial important à partir duquel les vins étaient exportés vers l’Angleterre ou les Pays-Bas. Le développement de Paris offrait également un débouché évident pour toutes les productions de la région. A la Renaissance, la Loire devient le lieu de villégiature de la haute aristocratie et les vins profitent largement de son rayonnement. La fin du XVIII ème siècle marque le début d’une période agitée qui succède à des siècles de prospérité. Les guerres de Vendée (1793/1796) dévastent les vignobles angevin et nantais et, au siècle suivant, la construction du chemin de fer expose les vins de Loire à la concurrence des vignobles du Sud. Ce nouveau défi pousse la région à produire des vins de meilleure qualité, mais l’élan est brutalement interrompu par l’apparition du phylloxéra dans les années 1880. Le XX ème siècle sera celui de la reconstruction et d’une progressive amélioration de la qualité des vins. Si la Loire n’a jamais produit d’aussi bons vins qu’aujourd’hui, la région ne bénéficie pas de la même notoriété que d’autres. C’est pourtant l’un des vignobles les plus riches par sa diversité où les très bonnes affaires sont fréquentes.

Géographie

Avec 48 000 hectares plantés, le vignoble de Loire est le quatrième vignoble français en surface d’appellations contrôlées. L’aire géographique est très étendue et suit l’axe de la Loire sur près de 500 km entre Pouilly-sur-Loire (Nièvre) et Nantes (Loire-Atlantique) : les appellations se succèdent de part et d’autre du fleuve et de ses affluents et prennent la forme de poches de vignes de taille très variable. L’axe ligérien constitue l’unique facteur d’unité de ce vignoble dont le mot d’ordre est la diversité.

Si l’on fait exception des quelques vignes anglaises, la région constitue la limite nord-ouest de la culture de la vigne en Europe. Aussi, malgré un climat souvent adouci par les influences océaniques, les gelées printanières et les excès d’humidité peuvent être très destructeurs pour la vigne. Il faut noter la grande irrégularité des millésimes qui, en année fraîche, peuvent souffrir d’une maturité insuffisante. C’est notamment le cas pour les vignobles situés à l’est (Centre) soumis à un climat plus continental (plus sec et frais). La Loire a creusé son lit à travers le Massif Central, le Bassin Parisien et le Massif Armoricain et les vignes s’enracinent dans des sols de natures très diverses : roches dures (schistes, calcaire et grès) en Anjou, Layon, Sancerre ou Touraine, roches tendres (craie et schistes friables) dans le Saumurois, le Chinonais, à Bourgueil et dans quelques secteurs de Touraine et du Sancerrois, chacune plus ou moins dégradée selon les secteurs.

Diversité de meso-climats, de sols et de reliefs qui rejaillit sur celle des vins : sans tenir compte des vignobles situés en amont de Nevers, la région compte 70 appellations et produit presque tous les types de vins avec une palette de style d’une rare variété.

Cépages et vins

A cette diversité géographique correspondent des cépages multiples. Parmi les plus utilisés, on retiendra en blanc le melon de Bourgogne, très répandu dans le Pays Nantais (Muscadet et Gros Plant), le sauvignon dans les vignobles du Centre (Sancerre, Pouilly Fumé…) et le chenin blanc dans les régions de l’Anjou et de Touraine. Le premier donne des vins légers, plutôt fins et peu démonstratifs, le second des blancs frais et aromatiques, le troisième une large variété de vins qui va des chenins vifs et fermes à des cuvées riches et puissantes (Savennières) en passant par de magnifiques moelleux et liquoreux (Coteaux du Layon…). Le chardonnay est également présent dans la région, tout comme quelques autres cépages dont le très intéressant romorantin (AOC Cour Cheverny).

En rouge, le cabernet franc domine, devant le gamay et le pinot noir. Pour les vins rouges, la légèreté, la souplesse et le fruité sont les caractéristiques les plus répandues, les sancerres et autres rouges du Centre à base de pinot noir montrant parfois davantage de nervosité que les gamays (Anjou et Touraine). Le cabernet franc ou le côt (malbec) donnent les vins les plus structurés, parfois de moyenne garde, dans les vignobles de Saumur et d’Anjou. Le grolleau, le pineau d’aunis et le cabernet-sauvignon sont présents, mais peu plantés et servent surtout à compléter les assemblages.

La région produit aussi des crémants (dont quelques rouges, les seuls en France), certains excellents, qui sont une bonne alternative aux champagnes, ainsi qu’une large gamme de rosés, dont des demi-secs pouvant faire merveille à table (Rosé d’Anjou).

Le Languedoc – Roussillon

La création du premier vignoble de la région a probablement été le fait des Grecs qui se sont installés autour d’Agde au VI ème siècle avant JC, mais ce sont les Romains qui l’ont étendu à toute la région. Au Moyen-Age, les vins du Languedoc s’exportent parfois vers les Îles Britanniques et les pays du Nord avant de décliner. Au XIX ème siècle, le vignoble connaît un essor sans précédent grâce à l’arrivée du chemin de fer qui permet de transporter à faible coût la production vers les villes peuplées du Nord mais subit, à la fin du siècle, les attaques du phylloxéra. S’ensuivit une grave crise viticole (surproduction, chute des cours) qui conduisit la région à de sanglantes émeutes. L’image « du gros rouge » sans intérêt, a collé à la région jusqu’à un passé très récent. On a depuis massivement arraché les vignobles de plaine et considérablement fait progresser la qualité moyenne de la production. Les efforts consentis depuis une vingtaine d’années, dans cette région, baptisée le nouvel eldorado viticole français, portent aujourd’hui leurs fruits, et le Languedoc-Roussillon offre actuellement certains des meilleurs rapports qualité-prix en matière de vins rouges.

Géographie

Le Languedoc-Roussillon est la plus grande région viticole du monde. De Nîmes à Perpignan, elle s’étend sur près de 300 km, de la Méditerranée aux contreforts du Massif Central et des Pyrénées. Le vignoble, bien qu’en forte régression depuis 20 ans, couvre 270 000 ha sur les départements du Gard, de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, ce qui représente un petit tiers du vignoble français (843 000 ha en 2006). Sur les 16 millions d’hectolitres produits, seuls 3 le sont en AOC (dont 0,7 en Vins Doux Naturels). Les vins de pays sont actuellement en plein essor et renferment un très gros potentiel. L’extrême diversité des sols, le vent (Tramontane), l’altitude, l’exposition et la situation des vignobles forment de nombreux mésoclimats dans ce vaste ensemble. L’emploi de nombreux cépages, la plupart du temps en assemblage, permet l’élaboration d’une vaste gamme de vins. La seule unité, toute relative, est due au climat méditerranéen, car il s’agit de la région viticole la plus chaude de France, après la Corse. Les étés sont très chauds et secs, les automnes et printemps sont doux. La pluviométrie est l’une des plus faibles de France, mais les précipitations peuvent être violentes et dévastatrices.

Cépages et vins

Si le Languedoc-Roussillon produit à peu près tous les types de vins, la production est largement dominée par les vins rouges. Sous un climat aussi chaud, il s’agit plutôt de vins puissants issus de raisins vendangés à bonne maturité. Généralement souples, dotés d’arômes puissants, ces vins peuvent présenter des taux d’alcool supérieurs à 14%. La plupart résultent d’un assemblage de cépages. Le grenache est très présent et donne des vins au caractère riche et rond. La syrah produit des vins colorés, assez aromatiques avec de bonnes structures (tanins). Le carignan (en régression) et le cinsaut (souple et aromatique) viennent souvent en complément, comme le mourvèdre qui apporte de la fermeté. Bien d‘autres cépages sont également utilisés dont les variétés bordelaises (cabernet-sauvignon, merlot) qui peuvent même être majoritaires ou uniques dans les vins de pays.

Les blancs sont plutôt gras, peu exubérants et issus d’assemblages dont la composition est très variable. Le grenache blanc, le bourboulenc, le maccabeu ou la clairette dominent, sans oublier le chardonnay, très en vogue dans les vins de pays, et le viognier. Il faut faire une exception de Limoux qui produit des vins effervescents et des vins tranquilles plus vifs et élégants, à partir de cépages « importés » comme le chenin, le chardonnay ou le mauzac.

La région produit également quelques vins rosés, souvent soutenus en couleur, assez puissants et vineux.

Les vins doux naturels sont une autre spécialité de la région : les muscats (Frontignan, Lunel, Mireval, Rivesaltes) aux arômes exubérants, les maury, rivesaltes et banyuls, déclinés en rouge (les meilleurs rouges liquoreux de France) et en blanc, dans des versions parfois oxydatives (rancio… ). Ces Vins Doux Naturels sont ce que la France offre de mieux en la matière.

La Corse

L‘apparition du vignoble corse est contemporaine de la colonisation grecque de l’île au V ème siècle avant JC.

Idéalement située sur les voies de commerce maritime, la Corse passa au début du Moyen-Age sous l’emprise des cités commerciales italiennes. Elles introduisirent les cépages qui dominent encore actuellement et dont la consonance italienne ne fait aucun doute. Aux XVIII ème et XIX ème siècles la culture de la vigne devient l’activité dominante de l’île et la ressource principale pour les trois-quarts de sa population. Le phylloxéra apparu en 1874 interrompt brutalement et durablement son développement. La politique de plantation massive inaugurée dans les années 1960 ne fit rien pour réhabiliter les vins corses mais depuis une quinzaine d’années une petite minorité de viticulteurs redécouvrent leur patrimoine et font fructifier des cépages originaux et bien adaptés à la géographie de l’île. Aujourd’hui, à côté d’une production de masse qui a très fortement décru ces dernières années, la Corse offre des vins très convaincants, dans les trois couleurs, qu’il faut découvrir même si l’essentiel de la production est consommée localement.

Géographie

Le vignoble corse est le plus méridional de France. Ses 6900 ha sont disposés sur le pourtour de l’île, le plus souvent sur les flancs escarpés des massifs montagneux qui la traversent du nord au sud. Dans ce paysage heurté les sols sont essentiellement granitiques, avec la présence d’une large bande schisteuse dans le nord-est et de quelques enclaves calcaires au nord et au sud. Le climat est typiquement méditerranéen : été très chaud et sec et hivers doux. Mais les données brutes de la latitude doivent être tempérées par l’altitude, l’orientation, la proximité de reliefs élevés (qui culmine à 2706 m) et les influences maritimes qui adoucissent les chaleurs estivales et autorisent la production de vins bien équilibrés.

Cépages et vins

L’île possède une large palette de cépages dont une trentaine de variétés autochtones recensées. Bien que très minoritaires, les vins corses blancs peuvent être étonnants, en particulier ceux issus du vermentinu, le grand cépage blanc de l’île, dont les vins assez aromatiques conservent élégance et fraîcheur malgré la chaleur du climat. Le rare bianco gentile donne des vins plus gras et le muscat, surtout planté à la pointe nord de l’île, des vins doux au fruité éclatant. En rouge, le sciaccarellu et le nielluciu sont les deux principales variétés. Le premier offre des vins moyennement colorés, aux arômes très typés (laurier, épice, cuir) et aux tanins fins, le second, qui serait à rapprocher du sangiovese italien, des vins plus charnus et chaleureux. Les rosés qui représentent 50% de la production en AOC font aussi partie des atouts de la Corse : les meilleurs possèdent un équilibre irréprochable et une belle fraîcheur naturelle.

Le Jura

Mentionné par Pline le Jeune vers l’an 80 de notre ère, le vignoble du Jura s’est progressivement étendu grâce à l’installation des communautés religieuses.

A partir du XII ème siècle quelques grandes familles nobiliaires (les Chalon) et les bourgeoisies urbaines développent à leur tour le vignoble jurassien. Servis à la cour de Philippe le Bel dès 1298, les vins de Franche Comté profitent de la protection et du rayonnement des Ducs de Bourgogne. Au XVIII ème plusieurs décrets limitent la liste des cépages autorisés et marquent les débuts d’une réglementation qualitative. Le vignoble atteindra son extension maximale à la fin du XIX ème siècle, avec près de 20 000 ha. Le phylloxera, puis les difficultés du XX ème siècle, le ramèneront à sa taille actuelle, recentrée autour des meilleurs sites. Le vignoble conserve aujourd’hui une forte identité, liée à ses cépages dont certains sont très anciennement implantés et au style unique de certains de ses vins (le vin jaune).

Géographie

Le vignoble se présente sous la forme d’un étroit liseré s’étirant sur 80 km de long du nord au sud. Il couvre 1850 ha de vignes, répartis sur la façade ouest du massif du Jura sur des coteaux marneux et calcaires. Dans cette zone de montagnes, le climat est particulièrement contraignant, d’où la nécessité de choisir avec discernement l’emplacement des vignobles pour optimiser l’ensoleillement et protéger les vignes des vents froids venus du nord et du sud-est. Les orientations sont donc essentiellement sud et sud-ouest. Aux hivers rudes, succèdent des printemps humides, des étés chauds et secs et des automnes relativement doux qui permettent d’allonger la période de maturation de certains cépages, malgré les risques de gelées précoces. Le jeu des expositions, des mesoclimats et la variété des sols (marneux, calcaires ou argileux) dessine une grande variété de terroirs.

Cépages et vins

Le Jura a su conserver quelques cépages uniques bien adaptés aux conditions spécifiques du climat. Le savagnin est le cépage blanc le plus connu. Élevé sous voile (une couche de levures qui se forme à la surface du vin), il est à l’origine du Vin Jaune, issu d’un long vieillissement en milieu oxydatif, qui développe des parfums puissants et très typés (noix, épice…). Le chardonnay reste le cépage blanc le plus planté. Il peut produire des vins légers, fruités et floraux ou se prêter à des vinifications de type oxydative (mais sans voile) qui lui confèrent un bouquet d’une belle complexité. En rouge, le poulsard représente 80% de l’encépagement. Ses vins plutôt pâles en couleur possèdent une certaine fermeté de structure qui en font parfois des vins de moyenne garde. Le pinot noir et le trousseau donnent des rouges plus soutenus en couleur, au caractère fruité et épicé, à consommer rapidement.

La région offre aussi d’excellents vins de paille qui sont des vins liquoreux issus de raisins séchés selon diverses méthodes. Le Macvin est une mistelle, un vin liquoreux puissant et gras, obtenu à partir de jus de raisin non fermentés mutés au marc. Enfin, la région produit une proportion importante de mousseux sous l‘appellation Crémant du Jura.

La Provence

La Provence compte peut-être parmi les plus anciens vignobles de France. Sa création remonterait à l’installation de colons grecs originaires de Phocée (Asie Mineure) dans la région de Marseille vers 600 avant JC comme l’atteste la découverte d’amphores de vin datant du IV ème siècle avant JC dans le vieux port de la ville. Longtemps très circonscrite, la vigne se développe à partir du II ème siècle avant JC avec la présence romaine.

Au Moyen-Age les abbayes de Saint-Victor (Marseille), Saint-Honorat (Îles de Lérins) ou de Saint-Pons (Nice) ainsi que quelques familles nobles préservent la viticulture provençale qui souffrira jusqu’au XIX ème siècle de l’absence de débouchés commerciaux. A partir de 1880, le phylloxera ravage le vignoble. On replantera en privilégiant les vignobles de plaine et les cépages à fort rendement, mais de piètre qualité. Depuis 25 ans, la Provence a sérieusement haussé le niveau de qualité de ses vins. Elle consacre aujourd’hui l’essentiel de sa production (84%) aux vins rosés consommés surtout en été par les très nombreux touristes qui visitent la région (mais pas seulement). La proportion des vins rouges a récemment diminué et celle des blancs stagne.

Géographie

Le vignoble provençal, à l’extrême sud-est de la France, s’étire de Nice, à l’est, au delta du Rhône, à l’ouest. Il couvre de façon discontinue une bande de terre de 200 km d’est en ouest et s’étale sur trois départements, le Var, les Bouches-du-Rhône et les Alpes Maritimes. Ce sont, en tout, plus de 28 000 ha dont 20 000 pour la seule appellation Côtes de Provence. Le quart sud-est de la France vit sous des influences méditerranéennes avec un ensoleillement important (2800 h/an), des précipitations faibles mais violentes et un mistral qui rafraîchit et protège les raisins des maladies liées à l’humidité. Si le climat est plutôt propice à la production de vins riches, il faut tenir compte des influences maritimes, des vents, de la variété des expositions et du choix des cépages qui permettent la production de vins équilibrés, rarement capiteux. Les sols sont pauvres et bien drainés, constitués de matériaux à dominante calcaire dans les zones ouest et nord et de roches cristallines à l’est (Massifs des Maures et du Tanneron).

Cépages et vins

84% des vins produits en Provence sont rosés, proportion que l’on ne trouve nulle part ailleurs en France à une échelle régionale. Les cépages dominants sont donc logiquement ceux destinés à leur production : le grenache et le cinsault devant la syrah, le carignan, le mourvèdre, le cabernet sauvignon, le tibouren et quelques autres. Si la plupart des rosés sont plutôt frais et simples, comme l’exige la tendance du moment, quelques cuvées font preuve de davantage d’ambition et possèdent une réelle dimension de finesse et de complexité.

Bien que très minoritaires, ce sont les rouges et les blancs de la région qui offrent le meilleur potentiel. Des efforts tout particuliers ont été faits récemment pour accroître la qualité des premiers. Bandol, grâce au cépage mourvèdre qui donne des vins puissants et tanniques, bénéficie d’une notoriété méritée mais d’autres secteurs produisent de beaux vins rouges structurés, le plus souvent dominés par la syrah ou le cabernet-sauvignon. En blanc, la clairette, l’ugni blanc, le bourboulenc et le rolle sont les variétés les plus utilisées. Bien que négligeables en volume, les blancs méritent le détour, en particulier ceux issus des petites appellations de Bellet, Cassis et Palette qui offrent de jolis vins possédant à la fois du gras et de la fraîcheur.

La Savoie

Les Allobroges furent probablement les premiers à planter de la vigne quelques siècles avant l’arrivée des Romains.

Au Moyen-Age, la carte des vignobles se calque sur celle des établissements religieux qui se multiplient à partir du XI ème siècle. L’enclavement plus ou moins marqué des vallées offrait peu de débouchés commerciaux aux vins de la région dont la consommation est essentiellement locale. A partir du XIII ème siècle sous l’impulsion des nobles et de la bourgeoisie urbaine le vignoble s’étend. Trois siècles plus tard, le Duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, en limite l’extension par décret et une ébauche de législation voit le jour. La situation se dégrade avec l’apparition du chemin de fer qui permet d’acheminer facilement les vins du midi dans les vallées jusqu’alors difficilement accessibles. Les maladies, la crise de 1929 puis la guerre réduisent le vignoble savoyard de moitié. La reconstruction débute dans les années 1950 en même temps que se développe le tourisme alpin. Le vignoble ne couvre guère plus de 1800 ha aujourd’hui et la consommation reste essentiellement locale et touristique. Si beaucoup de touristes se contentent de vins blancs secs, vifs et plus ou moins fruités, que l’on sacrifie aux plats locaux, la Savoie recèle également quelques vins d’un autre gabarit qu’il serait dommage de négliger.

Géographie

Le vignoble savoyard est composé d’une multitude d’îlots viticoles qui s’égrènent du nord au sud des rives du Lac Léman jusqu’à la Combe de Savoie en passant par les rives du Rhône et la cluse de Chambéry. Dans cette zone de montagne les vignes s’étagent entre 250 et 500 m d’altitude. La plupart des vignobles sont assis sur des formations d’origine glaciaire (moraines, éboulis calcaires). Le climat est de type continental, humide et frais, avec des moyennes annuelles de l’ordre de 10 degrés mais les situations propres à chaque vignoble doivent être pondérées par les influences plus douces venues de l’ouest et du sud ainsi que par des choix d’exposition appropriés. Le choix des cépages et l’emplacement des vignobles tient compte des rigueurs du climat mais les vignerons de Savoie restent sous la menace d’un printemps plus froid ou d’un automne moins clément qui peut remettre en cause le travail d’une année. Aussi, le réchauffement du climat est vécu ici comme une aubaine.

Cépages et vins

La Savoie produit avant tout des vins blancs, plutôt vifs et secs, à boire jeune, à partir de cépages originaux résistant bien au froid. La jacquière et le chasselas donnent des vins légers, parfois légèrement perlant, l’altesse (ou roussette) de bons blancs assez riches à l’acidité plus soutenue, et la roussanne (appelée bergeron) les plus beaux blancs de la région, amples et de bonne garde. En rouge, le pinot noir et le gamay se déclinent dans un style vif et agréable si les raisins ont atteint un bon degré de maturité mais ils possèdent rarement la structure et l’amplitude des vins issus de la mondeuse qui, entre de bonnes mains, deviennent des rouges étonnants, épicés et parfois de longue garde.

Les autre régions viticoles

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