Buveurs d’étiquettes: attention danger…

Buveurs d’étiquettes: attention danger…

Certains repas, de famille ou entre amis par exemple, sont le terrain de chasse de prédilection des buveurs d’étiquette, des tyrans du savoir boire, des raseurs prétentieux, des « qui savent tout » et des « j’ai tout goûté ». Signe distinctif ? Dès le premier verre, un ton péremptoire et une logorrhée intarissable sur les mérites de tel cru classé ou du Dom Pérignon 96 alors que vous venez de servir un bon champagne de vigneron. Dans une version primaire, vous aurez le droit à des « il a de la cuisse », « du bouquet », « de l’allonge », dans une version plus sophistiquée – mais bien plus insupportable – vous vous verrez infliger « la race du terroir », « l’enrobage des tanins », « la tension minérale » ou le « soyeux de la texture ». Que faire si vous êtes vous même amateur et que ce buveur d’étiquette vous gâche d’emblée le plaisir de partager une bonne bouteille tout en vous donnant une envie irrésistible de coca-cola ? Munissez-vous d’une carafe et présentez tous vos vins à l’aveugle sans donner aucune précision sur leur origine. Sans étiquette, livrés au seul repère de leur goût, la plupart battront en retraite par peur du ridicule.

Autre variante, toujours en carafe : mentir délibérément en présentant votre bordeaux comme un cabernet-sauvignon californien. Plus perverse mais aussi beaucoup plus jouissive, cette technique est souvent le point de départ d’une joyeuse litanie de poncifs sur le manque de finesse ou la lourdeur des vins étrangers et le génie irremplaçable des terroirs français. Certes brutale, cette technique aura le grand mérite d’écarter définitivement l’indésirable de votre table.

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