Ce qui plaît à Robert Parker
Un blogger américain analyse les descripteurs de tous les vins ayant obtenu 100/100.
Je ne suis ni un fan du système de notation des vins sur une échelle de 100, ni fan du goût de Robert Parker, mais on ne peut pas nier qu’il a beaucoup fait pour amener les américains, et beaucoup d’autres, au vin. Le problème de l’impact Parker est bien résumé par un caviste américain : « un vin qui obtient plus de 95/100 chez Parker, je ne peux plus en acheter, et un vin qui obtient moins de 95/100, je ne peux pas le vendre ». Autrement dit, le goût de Parker influence très fortement celui des consommateurs. J’ai trouvé intéressant le travail d’un blogger américain qui a analysé les mots utilisés par le journaliste (et son équipe, car il ne faut pas oublier qu’ils sont 7 à couvrir les vins du monde pour The Wine Advocate) pour décrire les vins qu’il a préféré, c’est à dire les 224 bouteilles qui, depuis 1983, ont obtenu la consécration suprême : le si recherché 100/100.
Il commence par une analyse des pays et régions les plus représentés dans ce hit-parade, à savoir :
- Bergerac : 1 vin
- Italie, Allemagne, Portugal et l’Etat de Washington : entre 3 et 4 vins chacun
- Alsace, Bourgogne et Espagne : entre 6 et 8 vins
- Australie : 20 vins
- Californie : 45 vins
- Bordeaux : 53 vins
- Rhône : 69 vins
Sur le plan de la couleur, 196 vins rouges ont mérité le score parfait mais seulement 28 vins blancs (secs et liquoreux) et aucun vin effervescent.
Mais la partie le plus intéressante de ce joli travail est l’analyse statistique des descripteurs employés par Parker : le mot « Rich » est utilisé dans 100 cas (sur 224). Viennent ensuite « Intense » (64), « Concentrated » (63), « Spicy » (57), « Long » (50), et « Complex » (49). Le mot « Elegant », par exemple, n’apparaît que 30 fois, moins que « Unctuous » (34).
Evidemment, et comme le souligne l’auteur, on peut faire dire à peu près ce que l’on veut aux statistiques. Mais je suggère aux producteurs qui veulent être parkerisés de produire plutôt des vins rouges provenant de climats chauds et de bien s’assurer qu’ils soient « riches et intenses, très complexes, avec des saveurs épicées concentrées et longues en bouche, autour de tannins onctueux ».
Equilibre, élégance, Equilibre, élégance, harmonie, finesse… Pas très Texan tout ça… Quand le goût se mondialise, inutile d’attendre la grâce.