Champagnes d’exception
Boisson commémorative par excellence, le champagne honore tous les temps forts de l’existence à la mesure du plaisir qu’il procure. Consensuel dans son principe, le rituel du champagne l’est moins quand il est question de choisir la bouteille qui va l’incarner. Dès lors, au moment fatidique du choix, chacun raisonne suivant son budget, son habitude, son standing, tandis que la tentation à épater ses convives pousse à transgresser ce schéma rationnel. En effet, rien n’est trop beau quand il s’agit de fêter un évènement mémorable, et c’est à ce moment-là que sont évoqués les grands noms de la Champagne, ces marques devenus synonymes de luxe et de prestige. Tout un public les considère comme incontournables au point qu’elles font office de référence, voire d’icône. Cela dit, les connaisseurs et amateurs avisés se défient de cette forme de renommée et se tournent vers des marques moins voyantes, mais riches de leur propre griffe. Ainsi, chacune d’elles fait valoir des produits bien individualisés, s’écartant des notions de standard ou de consensus sans jouer pour autant sur le mode du clinquant ou de l’artifice. Les critères de terroir sont alors revalorisés, tout comme sont revus les modes d’élaboration des vins de base et de réserve, cela au profit de produits plus authentiques et plus épurés, tout en étant au service du style qui conditionne l’image de leur marque. Dès lors, intéressons-nous à l’une de celles au diapason de cette vision « rafraîchie » du champagne et dont le seul nom honore la mention Champagnes d’exception.
Une nouvelle référence parmi les champagnes d’exception
A l’échelle du temps, Champagne Barons de Rothschild est une jeune marque, mais ses racines plongent dans une lointaine tradition, celles d’une famille qui œuvre depuis deux siècles pour le prestige du vin, celui attaché aux plus grands Bordeaux, les Grands Crus Classés, et aux premiers d’entre eux. Ainsi, les noms de Lafite-Rothschild et de Mouton-Rothschild et l’excellence qu’ils représentent trouvent maintenant un écho en Champagne, avec des cuvées en résonnance avec l’esprit d’exigence qui prévaut dans leur mode d’élaboration. En Champagne, la Maison Baron de Rothschild s’impose ainsi des critères élevés pour honorer une qualité que promet sa signature. Elle œuvre ainsi à partir de raisins issus de choix rigoureux parmi ses propres vignes ou celles de viticulteurs partenaires, se démarquant de maisons dont les cuvées de luxe, loin d’être confidentielles, résultent d’approvisionnement forcément moins sélectifs. Cette discipline s’étend à des apports de noble origine que sont les Grands Crus champenois, autant de terroirs réputés dont les fruits composent en majorité les différentes cuvées au gré de leur vocation. Les initiés dans ce domaine apprécieront alors les heureuses synthèses privilégiant les chardonnays provenant de la fameuse Côte des Blancs, issus des Grands Crus Avize, Cramant, Le Mesnil-sur-Oger et Oger. Supervisée avec brio par le chef de cave en matière d’assemblage et de vieillissement, cette logique d’exigence engendre une gamme offrant toutes les déclinaisons du chardonnay dans une qualité sans faille ni compromis sur l’ensemble des cuvées.
L’exception accessible !
L’attention portée par Champagne Barons de Rothschild à l’ensemble de sa gamme, fait en sorte que toutes ses cuvées méritent le qualificatif d’excellence. Ainsi son « simple » Brut, ambassadeur de la marque, est composé de vins affinés au moins quatre années durant, tous issus de Premiers et de Grands Crus, avec des chardonnays récoltés exclusivement sur la Côte des Blancs, leur terroir de prédilection, et des pinots noirs de la Montagne de Reims, secteur de la Champagne le plus propice à ce cépage. Son élaboration est en outre largement fondée sur des vins de réserve (1), garants de la constance de son style, tandis que sa netteté d’expression et le raffinement de sa texture sont renforcés par un faible dosage (2).
Un même schéma de conception préside à la confection du Rosé, où la part de chardonnay est encore accrue pour faire valoir des qualités de corps, tout en laissant en transparence la subtilité des pinots noirs venant en appoint, tout en étant au cœur de sa vocation en matière de couleur et de saveurs, là où se fait jour un registre délicieux évoquant l’acidulé de fruits rouges.
Quant au Blanc de Blancs, son achèvement révèle toutes les vertus dues aux seuls chardonnays qui plongent leurs racines dans la roche calcaire où se forge le caractère des terroirs de la Côte des Blancs, et auxquels il doit sa nature cristalline. Conçu à l’instar des autres cuvées, le Blanc de Blancs fait plus proprement valoir sa fraîcheur aromatique ainsi que la finesse et le ciselé de son profil. La haute tenue de l’ensemble n’exclue pas pour autant un goût charmeur où se marient gourmandise du fruit et douceur minérale.
Chez Barons de Rothschild l’exception n’est donc pas synonyme d’élitisme, inspirée qu’elle est par une philosophie où prime le devoir d’excellence.
(1) : Les vins de réserve sont des vins tranquilles, c’est-à-dire non effervescents, que l’on conserve en vue d’ajuster un assemblage pour qu’il perpétue le style d’une cuvée.
(2) : Le dosage constitue la dernière étape dans l’élaboration d’un champagne. Ainsi, avant de boucher définitivement la bouteille, on y ajoute ce qu’on appelle une liqueur, constituée généralement d’un mélange de vin et de sucre de canne. La teneur en sucre de cette liqueur détermine le goût et la catégorie du champagne : on parle de Champagne Brut lorsque sa teneur en sucre n’excède par 12 grammes par litre, et d’Extra Brut lorsqu’elle est inférieur à 6 grammes. Aujourd’hui, il y a une tendance globale à réduire cette teneur et à proposer des champagnes très peu, voire non dosés. En dessous de 3 grammes par litre, on trouve alors les mentions Brut Nature ou Zéro Dosage.
Crédit photo : Lionel Moulet
L’auteur de l’article : Diplômé en histoire de l’art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France et d’autres titres comme L’Amateur de Bordeaux, Gault & Millau et Terre de Vins. Co-auteur dans l’édition 2016 du « Grand Larousse du Vin ». |
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