Crémants d’été, crémants rosés
L’été est l’occasion de boire autrement et, parmi les vins appropriés, le rosé est bien celui qui rime avec la saison, devenu incontournable en toute occasion, apéritive, festive, gastronomique ou sans motif déclaré… Cependant, quand les bulles sont de la partie, la couleur gagne une toute autre allure et s’invite volontiers aux ambiances conviviales, là où le côté chic et fastueux du champagne n’est pas toujours de mise. Moins enclin à la cérémonie, le crémant trouve alors sa place et s’avère plus seyant pour égayer des moments de partage sans manières. Cependant, cet usage moins formel se fait hélas au détriment de sa perception, surtout lorsque la qualité est là. En effet, les prix sages du crémant le desservent paradoxalement, alors que certains d’entre eux ont si peu à envier à des champagnes.
Des cuvées de la présente sélection constituent un démenti convaincant au lieu commun qui voudrait que la vocation du crémant soit celle d’un compromis au champagne, toujours cantonné à une pétillance à moindre prix. Au lieu de cela, il serait bon de rappeler ce qui le rapproche de son illustre homologue : un mode d’élaboration partagé avec l’exigence qui s’y attache, et une identité certifiée. Et si cette dernière se traduit par une hiérarchie des crus en Champagne, celle des crémants obéit aux critères d’une appellation d’origine propre à chaque région agréée pour sa production. Ainsi, la sélection qui suit offre de brillantes facettes d’une identité plurielle, lorsqu’elle revêt le profil frais d’une boisson d’été.
Fini le champagne du pauvre…
Dans bien des esprits, et il faut bien le reconnaître, le crémant est et reste considéré comme le champagne du pauvre. Il y a une explication majeure à cela et elle est d’ordre pratique, le prix des crémants étant sensiblement inférieur à celui des champagnes. Et si bien des facteurs expliquent le surcoût de ces derniers, celui du prestige n’est pas le moindre, surtout quand il rime avec le luxe. Rien de cela ne caractérise les crémants, et bien rares sont les cuvées se situant dans une gamme de prix plus propre aux champagnes. Quant aux différences qualitatives, elles sont plus délicates à apprécier, surtout que certains crémants sont le miroir de cépages autres que ceux de la Champagne. Les terroirs sont également bien distincts, et si le mode d’élaboration est moins contraignant pour le crémant, essentiellement en matière d’élevage, des producteurs exigeants adoptent les mêmes règles que leurs semblables champenois. Ainsi, malgré l’immanquable référent et l’idéal qu’il représente, le crémant a de quoi jouer sa propre carte et, sur la foi des cuvées évaluées dans ce cadre, il la joue brillamment. L’ère du sous-produit est ainsi bien révolue.
Mode d’emploi :
Il est évident que l’usage du crémant n’appelle pas de mode d’emploi, hormis le b.a.-ba de son service qui se résume au respect de la température la plus indiquée pour le boire, à savoir entre 8° et 10° C. Pour les amateurs plus pointilleux, un crémant plus dosé* se sert plus frais, autour de 8°, voire un peu moins, de manière à atténuer la sensation de douceur immanquable à son genre. Cela dit, la tendance actuelle d’élaborer des crémants mieux équilibrés en sucre n’exige pas de précaution particulière sur ce point. D’ailleurs toutes les cuvées présentées ici sont dans ce schéma. Et si j’insiste pour décrire leur caractère minéral, c’est pour une raison similaire, sa matérialisation au palais participant d’un même phénomène : résorber la perception du dosage*. Ainsi, l’effet de la minéralité se ressent en fin de bouche par un aspect astringent qui agit à bon escient pour réguler le stimulus procuré par le dosage.
Apprécié à l’occasion de moments où la bonne humeur et la décontraction sont a priori de mise, le crémant s’accommode sans mal des nourritures de circonstance. L’esprit de tolérance régnant, les règles des accords mets-vins pourront être allègrement outrepassées ! Cependant, quand il s’agit de se mettre à table pour honorer une cuisine de saison, les plus secs d’entre eux sont les plus recommandables, surtout ceux qualifiés d’extra-brut, et a fortiori ceux totalement dépourvus de l’artifice du dosage. Ces derniers pourront alors se substituer aux vins blancs, apportant un supplément de gaité au palais, les bulles le titillant à bon escient.
20 crémants dignes des tables et terrasses d’été
Pour illustrer l’éventail des expressions régionales du crémant, j’ai procédé à une sélection où chacune d’elle est représentée par au moins un acteur. J’ai également accordé une juste place à des crémants moins confidentiels, que l’on peut se procurer plus aisément auprès de réseaux de cavistes ou en grande distribution.
La base de cette sélection est celle d’une publication antérieure et dont l’intitulé < 18 crémants dignes des fêtes de fin d’année > indique clairement la vocation des cuvées nominées, à boire comme l’on jouit des étoiles de Noël. Aussi n’est-il guère étonnant que je recommande à nouveau certaines d’entre elles, ou tout au moins les mêmes auteurs. Cette filiation s’explique par l’absence de destination formelle des différents types de crémant. Dès lors, déterminer leur vocation est essentiellement une question d’appréciation. Ainsi, dans la présente sélection, j’ai privilégié les crémants présentant un équilibre sur la fraîcheur et doués d’une nature désaltérante, par conséquent validés pour l’été !
> Mise à jour : août 2021
Crémant d’Alsace
Domaine Fernand Engel
Brut rosé > Dans un concert de fraîcheur et d’élégance, ses arômes dispensent un velouté d’arômes enjôleurs pouvant évoquer une senteur pâtissière de fraisier. Dans l’ampleur du palais, on jouit du raffinement d’une texture crémeuse et délicate, et des consonances subtilement toniques des saveurs. Sous la coupe d’une empreinte minérale, l’expression finale y gagne un caractère sapide de nature iodée et s’enveloppe de son grain fin. BIO
10,50 €
Crémant de Bordeaux
Jaillance
Brut rosé > Les arômes se succèdent au gré de son aération, entre un côté frais et vivace, sur un accent herbacé, et un côté plus tendre, comme ligneux. Toute en rondeur, la bouche est garnie d’une texture très crémeuse, source d’une séduction à laquelle s’ajoute celle de la nature douce et sapide du fruit. Un petit grain minéral rajoute sa touche à l’expression en s’accordant bien à son genre plaisant sans détour.
5,95 €
Crémant de Bourgogne
Domaine Chevrot et Fils
Au sein de la même famille depuis près de deux siècles, ce domaine bourguignon est conduit très consciencieusement par les frères Pablo et Vincent Chevrot. Ils exploitent des vignes en Villages et en 1er Cru sur Maranges et Santenay, et d’autres en Hautes Côtes de Beaune ainsi qu’en appellation régionale Bourgogne ou Crémant de Bourgogne. En possession d’un patrimoine de vignes remontant à trois générations, nos vignerons l’entretiennent par un savoir-faire où le respect de l’environnement constitue une préoccupation majeure. Ainsi, leur travail au vignoble va au-delà des préconisations élémentaires de l’agriculture biologique et s’inscrit largement dans une approche préventive, tandis que la constitution d’une biomasse strictement végétale procède du même esprit. Le labour pratiqué au cheval est également une facette de cette viticulture alternative. Un soin identique entoure la conception des vins et des crémants, ceux-ci étant élaborés comme des produits à part entière, fruits de parcelles dédiées et d’une longue maturation.
Brut rosé – Rose de Vigne > Chatoyante, son approche aromatique est admirable, diffusant de succulentes senteurs fruitées et briochées. Berçant ses arômes, la fraîcheur modèle également sa constitution au profit d’une harmonie et d’un raffinement confondants au point de rendre superflue sa description sensorielle ! Aussi me contenterai-je de cerner ses qualités et vertus : sensation de plénitude, goût irradiant, charmeur sans propension à la douceur, minéralité racée…
BIO – 12,50 €
Clotilde Davenne
Les Temps Perdus est un nom de domaine du chablisien constitué de nombreuses parcelles, reflets d’appellations de la Bourgogne Auxerroise, Chablis en tête. Clotilde Davenne, sa vigneronne, connaît bien son terrain pour avoir longtemps exercé comme maître d’œuvre au sein d’une maison réputée de Chablis. Cependant, avec le crémant, elle accomplit un rêve caressé au début de sa carrière, celui de faire du champagne ! De cet idéal est resté l’esprit d’excellence qui prévaut dans l’élaboration de ses crémants. Elle le concrétise d’autant mieux qu’elle exerce dans une région dont les blancs sont la grande vocation. Aussi, ses effervescents sont-ils choyés comme ses vins tranquilles et, tout comme eux, ne s’appuient sur aucun artifice autorisé dans les usages. Ils s’inscrivent dès lors dans la catégorie « extra brut » aujourd’hui très tendance et dont un public d’amateur apprécie le côté vrai et sans fard.
Brut rosé – Brut Extra > Perceptible à travers l’expressivité des arômes et leur ancrage au terroir, la grande singularité de ce crémant est de laisser parler le vin à sa source. Ainsi, le ressort procuré par l’effervescence profite davantage à l’esquisse d’une matière qu’à flatter sa diffusion. Dès lors, on ne peut qu’apprécier une bouche dont le profil aérien le doit aussi à sa pureté de texture, signe d’une absence totale de dosage. Exprimé sans entrave, le fruit développe toute sa vérité et gagne le cœur d’une minéralité pour engendrer une alliance tendre-salé des plus heureuses.
13,80 €
>> Domaine des Temps perdus : article dans Ecce Vino
Simonnet-Febvre
Au milieu du XIXème siècle, comme il était d’usage sur Chablis, Jean Febvre élabore un vin effervescent que l’on appelait alors « Chablis mousseux », l’ancêtre du Crémant de Bourgogne. Aujourd’hui, cette vénérable maison, fondée en 1840, perpétue avec succès cette tradition, qu’elle est d’ailleurs la dernière à honorer sur cette illustre commune. Elle le fait d’ailleurs au grand jour en y consacrant le quart de sa production. Renommée pour cette lointaine vocation, Simmonet-Febvre l’est tout autant pour ses Chablis, et surtout ses premiers et grands crus. Son savoir-faire en crémant est patent, y compris dans les cuvées faites exclusivement de pinot noir, un cépage plutôt marginal dans la Bourgogne auxerroise. Malgré son ancienneté, son style ne fait pas dans le genre suranné, car ses crémants sont peu ou pas du tout dosés, y compris ceux de la gamme courante.
Brut rosé > Un air mentholé donne du tonus à des senteurs mêlées et affriolantes, évocatrices de brioche fraîche et de fruits rouges. L’amplitude gouverne une bouche avec de la tenue et dont la matière filtre à travers une « crème » aux saveurs intenses et nuancées d’un registre qui respire. A cette nature foncièrement sapide s’ajoute sans déplaisir le sel de la minéralité.
9,30 € à la propriété et 11,60 € en boutique en ligne, livraison comprise (par 6 bouteilles)
Veuve Ambal
Brut rosé – Grande Cuvée > Le temps de s’ouvrir, ses senteurs distinguent l’agrément d’un fruit comme de la myrtille. Un concert de bulles tendres anime et façonne avantageusement sa forme généreuse et infiltre ses saveurs pour les rendre diffuses et pénétrantes. Fort bien intégré, l’aspect minéral s’exprime par un toucher soyeux.
7,50 € (prix moyen constaté)
Brut rosé – Millésimé 2017 > Alter ego de la Grande Cuvée, ce crémant s’en distingue sensiblement par une fraîcheur aromatique sous l’influence d’un fruit délicat et succulent, un peu comme du sorbet de fraise, tandis que s’y fait jour l’écho du terroir. Magnifiée par un profil d’une parfaite rondeur, sa substance l’est encore par un foisonnement de bulles fines, d’où perle un fruit raffiné avec, en point d’orgue, la marque structurante d’un grain minéral.
7,90 € (prix moyen constaté)
Crémant de Die
Achard-Vincent
Brut – P’tit Jules > On est d’emblée conquis par la netteté et le grand charme d’un nez où le fruit émerge dans les intervalles de la pétillance. Littéralement remarquable, l’expressivité crée un effet de volume qui exalte tout l’aspect crémeux enveloppant une riche matière. Sous-jacente comme il sied, l’essence du vin suscite une appétence à laquelle concourt une forte pointe saline générée par une minéralité au toucher soyeux.
BIO – 12,10 €
Jaillance
Brut > Dès la première inspiration, on est séduit par le velouté d’un perlant bien accordé au ciselé du fruit. La suite est tout aussi avenante par un équilibre sur l’ampleur, une matière dont l’onctuosité se fait crémeuse, et le plaisir d’un goût volontiers salivant. Ressentie à travers de nobles amers, une minéralité bien rendue couronne ce crémant agréablement stylé.
6,40 €
Crémant du Jura
Caveau des Byards
Brut rosé > Derrière une fraîcheur éclatante, les senteurs dispensent de plaisantes et singulières notes subtilement florales et séveuses, comme boisées. Cette impression est reconduite par une ouverture en bouche particulièrement ample et une suite où onctuosité et effervescence se marient sur un fruit répondant justement aux arômes. Une trame minérale anime l’ensemble de tensions énergisantes.
9,30 €
Domaine Rolet
Brut rosé > Sous des aspects fruités, il exhale un grand courant de fraîcheur et de vitalité, une impression qui contraste avec un profil harmonieux et tout en plénitude, crémeux sans mollesse et servi par un goût framboisé d’une rare intensité ; des qualités dénotant celles du vin à son origine, et parmi elles une minéralité au rendu élégant.
12,50 €
Fruitière de Voiteur
Brut > Drapés de fraîcheur, enjôleurs et subtilement minéraux, les arômes distinguent une expression jouant la carte du plaisir sans sacrifier celle du terroir. La bouche épouse une forme particulièrement ample et équilibrée, avec une matière et une effervescence bien conjuguées. Tonique et salivant, le goût donne du relief à un ensemble harmonieux que la minéralité vient souligner de son grain tendre.
8,30 €
Crémant de Limoux
Antech
Brut rosé Millésime 2018 – Emotion > Une sensation vaporeuse embrasse les arômes tout en levant un voile sur une essence vivace, agréablement mentholée. Au palais, on est conquis par la grâce de sa forme et le toucher mirifique que procure une matière tout en équilibre et raffinement. Un goût ciselé par la fraîcheur, attrayant sans pour autant céder à la douceur, parfait une expression sublimée par le sursaut final d’une exquise minéralité.
11,60 €
J. Laurens
Brut rosé – La Rose N° 7 > Un superbe effet de perlant est à la source de sa dynamique aromatique, perçue à travers un fruit pur et le plaisir procuré par une senteur de brioche fraîche. Une tension de même nature caractérise le profil d’une bouche gagnée ainsi par l’ampleur et la franchise. Toute en relief, la matière doit beaucoup aux qualités d’un vin où la bulle fait office de liant, tandis que son caractère fruité présente un rare degré d’appétence, sur un registre rêvé d’agrumes. Une minéralité sensationnelle par sa délicatesse et son harmonie vient à point nommé couronner l’ensemble.
11,60 €
Sieur d’Arques
Acteur majeur en Crémant de Limoux, la coopérative Sieur d’Arques se trouve sur les terres où le vin effervescent pris naissance, vers le milieu du XVIème siècle. Elle porte en quelque sorte l’héritage de ce vin ancestral, qu’elle reconduit aujourd’hui à travers la Blanquette de Limoux. Ce savoir-faire a été brillamment transposé dans ses crémants, avec le bénéfice d’une connaissance très approfondie de son vignoble (3.800 parcelles identifiées !) et de sa maîtrise des techniques de l’effervescence. Ramené à l’unité de terroir, son vignoble est déterminé par quatre zones d’influence climatique, donnant autant de cuvées dans sa gamme prestigieuse de vins blancs tranquilles, baptisée Toques & Clochers, un nom désignant par ailleurs un crémant conçu comme une synthèse de ces quatre terroirs. Le rosé Première Bulle tire parti des parcelles les plus propices à engendrer un équilibre sur la fraîcheur. L’éventail des vignes étant tel qu’il permet, d’une année sur l’autre, de reconduire un style accompli et non dénué de classe.
Première Bulle rosé > sur une ligne de noble fraîcheur, sa classe aromatique présage d’une expression à sa mesure. Ainsi, une plénitude confondante, une perfection de forme et un raffinement extrême du goût ravissent le palais et comblent les sens. Induisant à ces heureuses sensations, l’intégrité du fruit et le confort procuré par sa minéralité participent d’une admirable vitalité. Un crémant de haute école.
12,40 €
>> boutique en ligne (crémants)
Crémant de Loire
Amirault
Brut rosé > Au nez, on est accueilli par une fraîcheur fascinante, une promesse tenue au palais par le ressenti d’un beau vin de base, dont le corps se fait onctueux sous l’action de bulles crémeuses, tout en délivrant une sève parfumée comme un bouquet floral, au goût intègre car sans penchant de douceur. Caractérisée par un accent iodé et de nobles amers, la minéralité insuffle une remarquable dynamique à sa longue rémanence.
BIO – 15,60 € (épuisé au domaine)
Jaillance
Brut rosé > Le grand charme odorant de son fruit s’exerce d’autant mieux qu’il se double d’une sensation tonique filtrant de son perlant. Une même séduction opère dans une bouche bien équilibrée pour une vocation apéritive, avec de la rondeur, une bulle crémeuse et limpide, et une propension savoureuse. Une enveloppe minérale du meilleur effet rehausse et encadre ce joli crémant.
7,20 €
Langlois-Château
Brut rosé > L’élégance est la maître-mot pouvant qualifier une cuvée qui se distingue d’emblée par un parfum frais engageant et juste gourmand. En bouche règne un équilibre d’autant plus appréciable qu’il conjugue à merveille les sensations de matière et d’effervescence, contexte favorisant l’appétence de ses saveurs. Un fin trait minéral souligne harmonieusement l’ensemble.
11,45 €
Crémant de Savoie
Il faut savoir que le rosé effervescent n’est pas validé en appellation d’origine Crémant de Savoie mais en Vin de Savoie Méthode Traditionnelle. Les crémants présentés ici sont donc des blancs.
Jean Perrier et Fils
Brut > minérales et veloutées, les senteurs sont captées par l’agrément d’un fruit vivace pouvant rappelant la pomme verte. D’une grande amplitude, son profil recueille une matière moelleuse, d’une douceur bien sentie pour flatter les sens. Cependant, le nerf du fruit ajouté à un caractère minéral sensible lui confère un ton savoureux et revigorant, parfait dans une vocation estivale.
12,40 €
Maison Philippe Grisard
Ancien pépiniériste, Philippe Grisard honore à leur valeur la richesse et spécificité de la Savoie des vignes. Son domaine le reflète à travers une diversité unique de cépages exclusifs à la région – jacquère, altesse, mondeuse noire – et même des variétés marginales, voire rares – mondeuse blanc, persan, verdesse, étraire de la dhuy –. Ce patrimoine trouve ici un interprète aussi talentueux que passionné, et qui ne rechigne pas à le faire valoir par autant de cuvées. Son unique crémant répond à cette philosophie en faisant la part belle aux cépages savoyards altesse et jacquère, composant plus des trois-quarts de l’assemblage. Ajusté pour le plaisir du palais, il ne sacrifie pas pour autant les traits de son identité.
Brut – Envol – 2017 > ce crémant porte bien son nom en ce sens qu’il propose un envol vers le plaisir ! La vitalité et la finesse du fruit y invitent dès les arômes, à quoi s’ajoute la réminiscence savoureuse d’une tarte aux pommes… Superlatif, le format en bouche est à l’avenant, tout comme la texture, tactile et crémeuse à souhait. Imprégné de friand et particulièrement salivant, le goût n’est pas en reste, tout comme un effet minéral dont le rendu magnifie un bien beau tableau.
12,30 €
* Le dosage est la dernière phase du mode d’élaboration des effervescents obtenus par la méthode appelée traditionnelle, celle qui donne les crémants, d’ailleurs identique à la méthode champenoise. L’opération consiste à ajouter une part de vin équivalente à celle perdue lors du dégorgement (expulsion des dépôts consécutifs à la prise de mousse). Cette remise à niveau s’accompagne de l’introduction d’une « liqueur de dosage » – dite aussi « liqueur d’expédition » – un mélange de vin et de sucre (souvent de canne) dont le taux détermine la nature du vin final. Pour les crémants on parle ainsi de Brut nature, lorsque ce taux n’excède pas 3 g par litre, d’Extra Brut quand il ne dépasse pas 6 g par litre, et de Brut pour une cuvée ayant moins de 12 g par litre. Cette mention est obligatoire.
Crédit image : Aline Colombe, artiste peintre
L’auteur de l’article : Diplômé en histoire de l’art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France et d’autres titres comme L’Amateur de Bordeaux, Gault & Millau et Terre de Vins. Co-auteur dans l’édition 2016 du « Grand Larousse du Vin ». |
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