Dégustation de vins rosés
La vague rose déferle en France, et aussi ailleurs, comme en Grande-Bretagne. Cette mode, qui dure depuis quelques années, a atteint un point où la vente des vins rosés dépasse celle des blancs en France. Bien sûr il a y un aspect saisonnier à cela, car la consommation de vin rosé suit, en gros, la courbe du thermomètre. Mais force est de constater que les rosés représentent la seule catégorie de vins dont la vente est en augmentation en France. Toutes les régions de production semblent touchées, à des degrés variables. Le pic est atteint en Provence, dont 85% des vins sont aujourd’hui de cette couleur. Je crains même que cette domination du vin rosé n’ait, à terme, un effet sur l’image globale des vins de Provence similaire à celui que la mode du Beaujolais Nouveau a eu pour toute la région beaujolaise. Cela dit, il semble y avoir, dans le cas des rosés de Provence, une plus grande diversité de prix. Si cela sous-tend de véritables différences en termes de qualité, peut-être que la catégorie pourra se créer une segmentation compréhensible.
Une dégustation à l’aveugle, pour tenter d’y voir plus clair
Pour voir si le prix d’un vin rosé a un réelle correspondance avec sa qualité, nous avons réuni une petite centaine d’échantillons de vins rosés tranquilles, de toutes les régions françaises, et les avons dégustés, avec les bouteilles masquées, mêlant les prix et les régions. Notre manière de sélectionner les échantillons était volontairement un peu aléatoire, et nous n’avons pas « ciblé » uniquement des domaines réputés, afin de rester au plus près de l’offre à laquelle est confronté tout consommateur. Il y avait une large fourchette de prix de vente, allant de 3 à 25 euros. Les région suivantes étaient représentées : Loire, Bordeaux, Sud-Ouest, Roussillon, Languedoc, Provence, Rhône, Bourgogne et Alsace. La quasi-totalité des vins étaient issus du millésime 2009.
Comme il existe une grande différence dans la tonalité des couleurs des vins rosés, nous avons tout de même regroupé les vins les plus pâles dans une première série, pour voir s’il était possible d’associer un style à un ton. La Provence, par exemple, semble avoir opté définitivement pour une tonalité très pâle. Mais certains autres vins aussi, comme les Coteaux Vendômois, dont deux représentants se sont hissés parmi notre sélection finale. Et ces deux régions produisent évidemment des styles de vins bien différents, du fait de leurs climats et de leurs cépages : les rosés de Provence sont plutôt ronds, tandis que les vins de cette petite appellation de Loire sont bien vifs. Conclusion : l’habit ne fait pas le moine !
A la dégustation, après avoir rafraîchi et caché les bouteilles, nos critères de sélection ont été simples. Puisque les vins rosés sont bus rapidement et pour un plaisir immédiat, ainsi que pour satisfaire un besoin de désaltération estivale, nous avons immédiatement éliminé tous les vins qui n’étaient pas agréables (trop soufrés, trop lourds, trop acides, manquant de fruit). Il en restait une trentaine (sur 92). Les demi-finalistes ont ensuite été dégustés à nouveau, toujours à l’aveugle. Cette fois-ci le critère était de ne sélectionner que ceux qui étaient très bons dans leur style, en tenant compte des différents groupes stylistiques qui se dégageaient.
A la fin nous n’avons retenu que 9 vins parmi un total de 92 échantillons dégustés ; un peu moins de 10% des vins ont obtenu une note égale ou supérieure à 14/20. Ce qui signifie que le niveau moyen n’était guère élevé. C’est assez décevant et nous avons nettement l’impression que l’effet de mode des vins rosés, qui semblent se vendre tout seuls en ce moment, provoque un certain laxisme chez les producteurs.
Il est intéressant de noter que notre sélection finale inclut des vins à tous les prix, et qu’un des vins retenus était aussi le moins cher de tous les échantillons. Est-ce que la Provence mérite sa place de leader sur le marché des rosés ? Trois vins de Provence se sont qualifiés pour la finale mais ils étaient, de loin, les plus chers. Bien d’autres ont été éliminés. Personne ne peut contester que la Provence fait plus de vin rosé que les autres régions, mais il faut être très sélectif, ici comme ailleurs, et le prix n’est pas un indice suffisant de la qualité, car nous avons éliminé plusieurs autres rosés de Provence qui valent aussi cher que nos finalistes. Donc le prix n’est pas une garantie de qualité, ce qui est bien dommage.
Il existe de bons vins rosés, et nous les aimons bien. Mais il n’y a aucune raison d’être moins exigeant avec cette catégorie de vins que pour des blancs ou des rouges. Et, malheureusement, les déceptions sont trop nombreuses en ce moment.
Organisation de notre dégustation
La dégustation s’est tenue le 16 avril 2010 au Chemin des Vignes, à Issy-les-Moulineaux. Toutes les bouteilles étaient masquées. Il y avait 2 dégustateurs (David Cobbold et Sébastien Durand-Viel) et 92 échantillons. Une trentaine de vins ont été retenus comme « acceptables », et 10 figuraient en finale comme bons ou très bons. Nous n’en mentionnons que 9 parce que deux vins venaient du même producteur (Château de Berne, en Provence) et ont obtenus la même note.
Les appellations représentées étaient, dans l’ordre alphabétique : Alsace (2 vins), Bandol (4 vins), Béarn (2 vins), Bordeaux (9 vins), Bourgueil (1 vin), Buzet (4 vins), Chinon (1 vin), Collioure (1 vin), Corbières (4 vins), Costières de Nîmes (1 vin), Coteaux d’Aix (1 vin), Coteaux du Vendômois (4 vins), Côtes de Provence (12 vins), Côtes du Roussillon (1 vin), Côtes du Vivarais (1 vin), Fronton (5 vins), Luberon (2 vins), Menetou Salon (1 vin), Vin de pays d’Ardèche (5 vins), Vin de pays d’Oc (12 vins), Vin de pays du Lot (1 vin), Vin de pays de la Méditerranée (1 vin), Vin de pays Rhodaniens (1 vin), Rosé de Loire (1 vin), Saint Mont (6 vins), Saint Pourçain (1 vin), Tavel (1 vin).
Notre sélection de bons vins rosés à tous les prix et de toutes les régions
Fronton, Comte de Négret 2009
Prix : +/- 3 euros
Robe de couleur soutenue. Le nez combine des accents friands et tendres de fruits rouges proches de la framboise. En bouche c’est gourmand et très salivant du fait de sa fraîcheur. Equilibré et assez long. Un joli rosé, largement diffusé en grandes surfaces, qui prouve qu’il n’est pas toujours nécessaire de payer cher pour avoir de la qualité !
Félicitations à la Cave de Fronton.
Cépages : négrette 80%, cabernet franc 20%
Coteaux du Vendômois, Domaine du Four à Chaux, 2009
Prix : 4,90 euros
Robe pelure d’oignon très pâle. Nez frais, pas très intense, mais agréablement parfumé, floral et légèrement épicé. Fluide, vivace, assez pur et tranchant en finale. Très net, sans exubérance, mais parfaitement équilibré dans un style tonique et désaltérant.
Cépage : pineau d’aunis 100%
Coteaux du Vendômois, Tradition, Domaine Brazilier, 2009
Prix : 5 euros
Robe très pâle et nez discret, floral et poivré. La bouche est fraîche, au grain fin avec une finale nerve
use qui s’étire bien en longueur sur les notes très poivrées typiques du cépage (pineau d’aunis). Rien à redire sur ce rosé qui désaltère et qui nous régale par ses saveurs originales et persistantes ; et le tout à petit prix.
Cépage : pineau d’aunis 100%
Vins de Pays d’Oc, Paul Mas, Rosé de Syrah 2009
Prix : 5,90 euros
Robe soutenue. Le nez est un peu dans le style d’un bonbon acidulé, mais en bouche le vin semble plus proche d’un fruité naturel, et avec une texture légèrement crayeuse qui accroche le palais sans l’agresser. A la fois tannique et frais, donc très utile sur des grillades.
Cépage : syrah 100%
Bordeaux Clairet, Château de Parenchère 2009
Prix : 6,30 euros
La robe est naturellement la plus soutenue de la série, entre un rosé foncé et un rouge pâle : c’est un des marqueurs du style clairet. Plein, gourmand et vibrant en bouche, légèrement arrondi en fin de bouche par une très légère pointe de sucrosité pour amadouer son côté tannique. C’est puissant et très savoureux, à boire avec des grillades ou même des plats de viande.
Cépages : merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, malbec
Bordeaux rosé, Château l’Isle Douce, 2009
Prix : 7 euros
Robe légère, rose cuivré, bien différente d’un clairet. Nez délicat sur la fleur, la pêche et des notes de sous-bois. Très bonne qualité de fruit en bouche, et un ensemble clair et désaltérant autour d’une structure bien vivace. Joli rosé, plutôt fin.
Cépage : merlot 100%
Bourgueil, Rosé de l’Equinoxe 2008, Yannick Amirault
Prix : 8 euros
Ce rosé de presse fermenté en barriques a une couleur relativement soutenue. Vin direct, vif et savoureux, dont la vivacité accompagne, sans les écraser, des saveurs délicieusement fruitées. Le fait que ce vin a un an de plus que les autres de la série ne lui nuit nullement, bien au contraire. Ce très bon vin est un des meilleurs de la série, si on aime les rosés dans un style structuré, précis et vif.
Cépage : cabernet franc 100%
Côtes de Provence, Terres de Berne, Château de Berne, 2009
Prix : 10,50 euros
La forme bizarre de la bouteille (carrée) la démarque, mais le vin est tout à fait digne d’intérêt. Rose pâle. Nez raffiné, fleur, agrumes et note fugaces de fruit rouge. Bouche ronde et fraîche, assez savoureuse par la qualité de son fruit. Du volume et de l’équilibre. La même propriété fait aussi une très bonne cuvée spéciale, un peu plus chère mais pas meilleure.
Cépages : 30% cinsault, 40% grenache, 30% cabernet sauvignon
Côtes de Provence, La Chapelle de Sainte-Roseline, 2009
Prix : 22 euros
Robe orange/cuivré. Nez de fleur d’oranger, d’agrume, de baies rouges. Beaucoup d’ampleur en bouche, avec des saveurs riches et raffinées et une structure ferme. Grande longueur pour ce rosé ambitieux, certes très bon mais dont le prix reste un mystère du marketing, comme d’ailleurs la forme et le poids de la bouteille. Pour ceux qui ont des moyens.
Cépages : syrah et mourvèdre
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Merci pour ce test.
Je
Merci pour ce test.
Je partage votre avis pour le vin du domaine du Four à Chaux. A signaler que ce domaine produit aussi un très bon vin rouge sous le nom de « Cuvée Benjamin », dont j’apprécie particulièrement le côté poivré.
En juillet, j’ai aussi goûté deux bons rosés, l’un sec, l’autre plus doux, du domaine « Le Clos du chêne » à Duravel (46) dans le Cahors donc.