Famille Sumeire, une dynastie qui honore la Provence
Famille Sumeire. C’est ce nom que Jean-Pierre, Gabriel, Olivier et Sophie Sumeire ont choisi pour représenter l’activité familiale qui les rassemble aujourd’hui pour perpétuer dignement l’héritage des vignerons émérites qu’ont été leurs aînés. Dotée d’un vignoble respectable en Côtes de Provence, la famille Sumeire est devenue un acteur majeur et l’un des plus estimés de la région. A cela, il y a l’attachement à une terre, à son exploitation consciencieuse ainsi qu’à une production d’une qualité reconnue. Propriété-phare du terroir de la Sainte-Victoire et matrice de leur métier, Château Coussin incarne pleinement cette philosophie.
Famille Sumeire est aussi une marque de vins de haute expression, élaborés avec toute l’exigence que sous-entend leur signature, celle de César, un artiste hors pair qui fut un ami de la famille. Issues des meilleurs fruits de ses domaines, les cuvées César symbolisent non sans fierté un achèvement de l’œuvre de générations restées proches de leurs racines terriennes.
Histoire d’un patrimoine
La Provence et tout particulièrement le village de Trets sont le berceau de la famille Sumeire, là où leurs ancêtres ont été des acteurs très présents dans la vie locale et même dans la vie publique, à l’époque de la Révolution Française. A la fin du XIXème siècle, les Sumeire se distinguent comme marchands de vins, une activité florissante exercée à Marseille et dont les prolongements dépasseront les limites de la région. Cette fibre commerçante ne pouvait trouver meilleure source que celle d’une propriété viticole digne de ce nom. Et c’est en 1937 que Château Coussin, un domaine situé également à Trets, revient à la famille par la faveur du mariage d’Elie Sumeire avec l’héritière de ce bien. Cette acquisition sera suivie en 1953 par une seconde, celle de Château L’Afrique, décision visionnaire s’il en est, puisque la propriété s’inscrit aujourd’hui dans ce qui deviendra à terme, par ses spécificités, une dénomination à part entière sous le nom de Pierrefeu. En 1991, l’ancrage de la famille dans le vignoble de la Sainte-Victoire se renforce par l’achat de Château Maupague, dont les vignes s’étendent au pied de cette montagne emblématique de l’appellation portant son nom.
Une terre respectée
Très propice à la culture de la vigne, le climat méditerranéen permet des pratiques culturales alternatives, comme l’emploi non systématique des produits phytosanitaires, en fonction de la nature du risque. Soucieux de réduire l’impact d’intrants chimiques, les vignobles Sumeire ont adopté ce principe, le renforçant même par une adhésion à la charte « Nutrition méditerranéenne en Provence ». Celle-ci, axée sur des constituants du mode alimentaire méditerranéen, dont le vin fait partie intégrante, valide en outre une production où le respect de l’environnement est privilégié.
Opéré ces dernières années, un profond remaniement du vignoble a consisté en plantations et replantations sur l’ensemble des domaines. Lors de cette campagne, de vieilles vignes de Château Coussin, particulièrement qualitatives, n’ont pas été arrachées de manière à préserver son patrimoine végétal. Au cours de ces opérations, un matériel plus efficient a été mis en œuvre afin d’optimiser le travail des sols, ici une pratique traditionnelle, évitant autant que possible l’utilisation de désherbants.
Rosés, expressivité et grande allure
Primordiaux dans leur production, à l’image de la vocation de toute une région, les rosés 2017 des vignobles Sumeire ont transcendé les caractères d’un millésime particulièrement chaud. Dans la gamme « château », ambassadrice de choix du cœur de chaque domaine, celui de Château Coussin en est le plus éloquent, avec un équilibre sans pareil et en outre le don d’un parfum délicat. Son grand format résorbe ainsi sa richesse potentielle et profite à une expression au goût intense, innervé avec bonheur de sensations nuancées et toniques. N’ayant guère à lui envier dans sa constitution, la cuvée éponyme de Château L’Afrique présente un caractère plus généreux, qu’un courant de fraîcheur vient cependant tempérer par la dynamique de saveurs mêlées d’agrumes et de réglisse.
Issues d’une sélection parcellaire, les rosés signés « César à Sumeire » présentent un degré de raffinement digne de cuvées d’exception. Une conception à leur mesure fait qu’ils dévoilent bien mieux leurs ressources en deuxième année. Ainsi, dans son âge de plénitude, le 2016 issu des meilleures vignes de Château Coussin fait valoir l’étonnante expressivité d’un fruit d’essence anisée, que vient renforcer une impression stimulante de zeste d’agrumes. Généreux et riche en substance, il présente une allure fastueuse. Déclinée en Château L’Afrique, cette même cuvée n’est pas en reste en matière de tenue et se livre sous un profil tout en amplitude, signe d’un grand équilibre. Elle séduit alors le palais par l’aspect pénétrant d’un jus sapide, nerveux et salivant, avec en point d’orgue une touche minérale harmonieuse.
Blancs et rouges à l’unisson des rosés
Dans une Provence où la couleur est quelque peu délaissée, les rouges tiennent ici leur place, qu’ils soient conçus sur le fruit ou avec une ambition de garde. Dans les deux styles, des interprétations largement fondées sur la syrah le font valoir avec brio. Ainsi en 2016, le rouge identifiant le produit « courant » de Château L’Afrique arbore une robe attrayante et séduit d’emblée par sa nature abordable et souple, gorgée d’un fruit épicé savoureux, qu’un goût d’olive noire vient encore relever. Loin d’être épanoui, le 2015 « César à Sumeire » de Château Coussin possède d’indéniables ressources pour honorer sa vocation de vin de garde. On les discerne dans un profil concentré sans ostentation, articulé autour d’une trame serrée de tanins sapides et veloutés, qui dénote un beau potentiel d’évolution. Elaboré sans artifice d’élevage, il restitue avec netteté des senteurs captivantes comme une invitation à humer la garrigue.
Bien qu’issus de terroirs distincts, les blancs 2017 des deux domaines ont en commun un caractère minéral très affirmé. Celui-ci se diffuse à même les arômes dans celui de Château L’Afrique, tandis qu’il revêt une nature plus palpable dans l’expression du blanc de Château Coussin, sous forme d’une fine granulosité. Egalement proches par leur constitution, où l’ampleur est maîtresse et la texture pulpeuse, ils se distinguent toutefois par leur nature fruitée. Dans « L’Afrique », on est séduit par un registre frais, réminiscence de plantes aromatiques, alors qu’un complexe davantage discernable (poire williams, agrumes) agrémente le rendu au demeurant très pur du blanc de Coussin. Composés exclusivement de rolle, ou peu s’en faut, les blancs des Vignobles Sumeire qualifient une approche où la personnalité de chaque vin prime, la part du terroir n’étant pas la moindre dans leurs différences.
L’auteur de l’article : Diplômé en histoire de l’art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France et d’autres titres comme L’Amateur de Bordeaux, Gault & Millau et Terre de Vins. Co-auteur dans l’édition 2016 du « Grand Larousse du Vin ». |
No Comments