La fin de la bouteille ?

La fin de la bouteille ?

Bag-in-Box®, cubi, fontaine à vin, caisse-outre… On s’accorde difficilement sur le nom à donner à ce type de contenant, le plus couramment utilisé étant un anglicisme très explicite – Bag-in-Box® – qui est pourtant une marque déposée par le fabricant Smurfit-Kappa. Pour une question de commodité, j’utiliserai la dénomination Bag-in-Box® – ou son abréviation BIB – en parlant de ce système de conservation d’un vin, qui plus est lorsqu’il est entamé. Son principe est élémentaire puisque le contenant se rétracte et recréé un vide à mesure que le liquide s’écoule. En pratique, il s’agit d’une poche souple en matière synthétique, étanche et terminée par un robinet. Pour sa protection et manipulation, elle est placée dans un emballage en carton de forme généralement parallélépipédique. Les contenants les plus courants vont de 2 à 10 litres.

 

Un phénomène de société

Inventé dans les années 50, ce mode de stockage a mis du temps à être adopté. Il faut dire qu’il a longtemps abrité des vins de moindre qualité et qu’il était techniquement imparfait. Cependant, une fois sa technologie au point et que des vins plus dignes de ce nom le serviront, son usage progressera de manière spectaculaire, passant de 4 % du volume des vins commercialisés en France en 2000, à pratiquement 40 % aujourd’hui. Cette progression traduit une prise de conscience de son intérêt sur un plan pratique, économique et même écologique. Bien moins lourd et plus facile à ranger que son équivalent en bouteille, moins onéreux à qualité égale et en grande partie recyclable, il a fini par séduire nombre de consommateurs.

 

Contenus attractifs et contenants séducteurs

Conçu avant tout pour un usage au quotidien ou des assemblées conviviales, le BIB est essentiellement fait pour des produits ayant cette vocation. Ainsi, des vins légers en corps et en alcool lui sont par nature destinés, et typiquement ce qu’on nomme encore les Vins de Pays (aujourd’hui IGP). Succès et popularité aidant, ce type de conditionnement a attiré bien des acteurs soucieux de coller à une demande croissante et d’autres ayant saisi l’importance du phénomène pour proposer des vins moins basiques sous cette forme. Ainsi BiboVino, un réseau de distribution voué exclusivement au BIB, qui est même allé jusqu’à y loger du Condrieu et de la Côte-Rôtie ! En outre, avec une surface d’emballage excédant très largement l’espace d’une étiquette, le BIB ne manque pas d’atouts pour se faire placard promotionnel, graphisme séducteur, voire œuvre d’artiste à l’appui.

 

BiboVino ou le BIB chic

BiboVino est le nom d’une chaîne de magasins entièrement dédiée à la vente de vins en Bag-in-Box®. Ce concept original est né en 2013 avec l’ouverture d’une première cave à Paris. Il compte aujourd’hui 26 succursales réparties un peu partout en France. Outre cette singularité, ce réseau se targue de ne proposer que des vins de vignerons qui partagent une approche personnalisée de leur métier. Misant résolument sur la qualité, l’offre est atypique, sinon unique, dans l’univers de ce contenant. Elle comprend une quarantaine de références, toutes signées de producteurs indépendants, souvent estimés dans leur milieu. Le revers de la médaille est que ces BIB sont relativement onéreux et atteignent parfois le prix équivalent à un vin en bouteille de même qualité, mais l’aspect pratique et décomplexé plaide pour eux.

 

Le Bib’Art ou le BIB sublimé

Château Puech-Haut, propriété emblématique du Languedoc, a eu l’idée d’associer l’art au vin par le truchement de barriques miniatures dont la surface porte la reproduction de l’œuvre d’un artiste, l’original ayant été peint sur une vraie barrique. Ces contenants en tôle abritent en fait une poche de 3 litres de vin blanc, rouge ou rosé provenant du domaine ou d’approvisionnements externes. Lancée en 2007, la collection des Bib’Art a vu ainsi défiler des séries limitées d’une soixantaine d’auteurs, et parmi eux de grands noms de la peinture, comme Hervé di Rosa ou Robert Combas. Pour autant, des artistes moins connus ont été promus sur ces barriques faites cimaises. La galerie ci-dessous donne un petit aperçu de leurs œuvres.

 

 

 

L’auteur de l’article :
Diplômé en histoire de l’art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France et d’autres titres comme L’Amateur de Bordeaux, Gault & Millau et Terre de Vins. Co-auteur dans l’édition 2016 du « Grand Larousse du Vin ».

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