Les régions viticoles sur le continent africain
Vignoble Afrique

Les régions viticoles sur le continent africain

L’Afrique du Sud

L’apparition de la vigne en Afrique du Sud est contemporaine de l’installation des premières colonies hollandaises dans la province du Cap. Son premier gouverneur, Jan Van Riebeek, fut sans doute aussi le premier producteur sud-africain dans les années 1654. L’arrivée de quelques centaines de huguenots français vers 1690 et l’apparition des premières villes donnent un coup de fouet à la production. Au XIX ème siècle, la viticulture sud-africaine devient même assez prospère grâce à son principal client, la Grande-Bretagne. La perte de ce débouché provoque un grave problème de surproduction. On crée alors en 1918 la Ko-operatiewe Wijnbouwers Vereniging (KWV), coopérative chargée de réorganiser la production et qui obtiendra en 1940 les « pleins pouvoirs » sur le secteur viticole sud-africain. L’Apartheid, institutionnalisé en 1948, isole durablement le pays. Son abolition en 1991 est suivie d’une véritable révolution viticole. Les vignerons rattrapent le temps perdu en réadaptant l’encépagement, et en modernisant l’appareil de production dans un cadre législatif qui se libéralise. Avec un marché intérieur réduit, les domaines privés et les coopératives modernisées se tournent naturellement et avec succès vers les exportations dont le volume a été multiplié par 10 en 10 ans. L’industrie viticole sud-africaine est, de loin, la plus prospère du continent. Son succès récent sur les marchés du monde s’explique par le bon rapport qualité prix des vins qu’elle propose.

Législation

Un système d’appellation, le « Wine of Origin », a été créé en 1973 pour mettre fin à une certaine anarchie en matière d’identification des vins. Cette réglementation touche à la fois la zone de production, les cépages et le millésime. Le vignoble est découpé en régions (6) puis en districts, zones et domaines (estates), par ordre décroissant de superficie. Chaque vin désirant bénéficier de l’appellation Wine of Origin est soumis à un contrôle continu depuis les vendanges jusqu’à l’étiquetage avec une analyse organoleptique et analytique. La mention d’un WO sur une étiquette indique que 100% des raisins sont issus de la région mentionnée. La notion de Wine of Origin gagne du terrain, et la proportion de vins s’y soumettant est chaque année plus importante, néanmoins le cépage reste un repère fort en Afrique du Sud. Un cépage mentionné sur l’étiquette indique que 80% du vin en est issu.

Géographie et cépages

La République Sud-africaine se situe à la pointe sud du continent africain autour de 35° de latitude sud. Le climat chaud et sec devient plus tempéré autour des régions côtières : c’est là que se situe l’essentiel des 110 000 hectares de vignes que compte le pays et il est rare de trouver un vignoble situé à plus de 100 km de la mer. La pluviométrie est très inégale entre les régions et entre les saisons à l’intérieur d’une même région, rendant indispensable l’irrigation dans de nombreux sites.
La production reste dominée par les vins blancs, mais leur proportion a sensiblement diminué depuis 15 ans. Le chenin blanc est le cépage le plus planté, vinifié en sec ou en liquoreux. Derrière, le colombard reste très présent, mais subit de plus en plus la concurrence du chardonnay et du sauvignon. Les cépages rouges représentent 45% de la production avec un quatuor très dominant : cabernet-sauvignon, shiraz (syrah), merlot et pinotage, ce dernier étant le seul cépage typiquement sud-africain, né d’un croisement entre le pinot noir et le cinsault.

Régions viticoles

La région la plus septentrionale est Olifants River dont le vignoble s’étend de part en part de la vallée de l’Olifants qui longe l’Atlantique. Sa production reste aujourd’hui largement orientée vers les vins en vrac destinés à la distillation. Swartland et Tulbach, plus au Sud, commencent à se tailler meilleure réputation grâce aux efforts de quelques coopératives et domaines privés : on goûte des rouges (shiraz, cabernet) très convaincants notamment dans le secteur de Darling.

Worcester assure près de 20% de la production nationale grâce à ses nombreuses coopératives qui produisent essentiellement des brandies et des vins doux. A l’Ouest Paarl a réussi sa mutation grâce au dynamisme de ses domaines privés et de ses coopératives : c’est plutôt un secteur de blancs (chenin, sauvigtnon et chardonnay) mais les sites d’altitude offrent désormais de bons cabernet sauvignon. Au Sud-Est, le petit vignoble de Franschhoek, le « coin français », s’accroche aux flancs des coteaux qui dominent la vallée. Les vignerons jouent de la variété des conditions locales pour produire de bons blancs (chardonnay, sémillon, sauvignon) et des rouges prometteurs. Stellenbosch est la plus célèbre des régions de production et accueille l’essentiel des producteurs connus à l’extérieur du pays. Sur les sols granitiques à flanc de montagne, les cabernet sauvignon, merlot, syrah ou pinotage donnent la plupart des meilleurs vins rouges du pays. On y fait également d’agréables vins blancs à partir du sauvignon, du chenin et du chardonnay.

a petite région de Durbanville se trouve dans le prolongement nord-ouest de Stellenbosch. Elle tire parti de ses vignobles de coteaux posés sur les versants des montagnes Dortsberg soumis aux vents frais de l’Océan Atlantique. Plus au Sud, dans l’étroite péninsule qui s’insinue dans l’Atlantique, s’étire le petit, mais historique vignoble de Constantia, à l’origine d’un vin doux très célèbre et de très bonnes cuvées de vins secs. Plus à l’Est sur la côte, Overberg confirme tout son potentiel, notamment dans la zone littorale de Walker Bay qui bénéficie de courants maritimes froids. Le sauvignon blanc, le chardonnay et le pinot noir donnent des vins particulièrement élégants. A l’Est, Robertson qui jouxte Worcester dans sa partie occidentale, est situé à l’intérieur des terres et le climat, chaud et sec, rend l’irrigation indispensable. Mais sur les terres riches en calcaire les cépages blancs s’épanouissent avec bonheur, tandis que la production de vin rouge a fortement progressé ces dernières années. Enfin le très vaste périmètre de Klein Karoo qui s’étend à l’Est n’accueille que 3% de la production en raison d’un climat chaud et très sec qui permet cependant de produire de bons vins mutés.

Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie

Introduite par les phéniciens, la vigne s’est ensuite développée sous l’ère romaine.

Histoire

Avec la conquête arabe du Maghreb, achevée au VIII ème siècle, et plus tard les invasions ottomanes, le vignoble à vin a été réduit à presque rien jusqu’au XIX ème siècle. La présence française a conduit à un développement spectaculaire de la vigne dans les trois pays du Maghreb. Jusqu’en 1950, ils fournissent des flots de vins colorés destinés à couper la production médiocre du Languedoc-Roussillon. La décolonisation, l’absence d’investissements et de marché intérieur ont rapidement fait chuter la production. Aujourd’hui, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie présentent des situations viticoles très contrastées.

L’Algérie, avec ses 400 000 hectares en 1950, a été le premier exportateur mondial de vin. Privé de débouchés commerciaux et de capitaux après sa nationalisation, le vignoble ne s’est pas remis du départ des français et une grande partie est en friche. Malgré quelques initiatives locales et la résistance de marques bien installées en France (Sidi Brahim), et en l’absence d’investissements significatifs, rien n’indique le retour en grâce des vins algériens. Le constat est très différent pour le Maroc. Après la décolonisation, le vignoble a survécu grâce à un réseau de coopératives partiellement privatisées aujourd’hui. Depuis 15 ans, des investisseurs étrangers, comme le groupe Castel, ou locaux (Celliers de Meknès) se sont intéressés au potentiel marocain. Les conditions géographiques, les faibles coûts de production, le développement du tourisme et un marché intérieur assez important (45 millions de bouteilles par an) font du Maroc le producteur le plus en vue de la rive Sud de la Méditerranée. L’évolution a été identique en Tunisie où l’ancien vignoble d’Etat a été mis en concession.

Des sociétés, comme Les Vignerons de Carthage, ont rapidement modernisé la production pour répondre à un marché en plein développement : expatriés, touriste et tunisiens consomment près de 50 millions de bouteilles par an.

Législation

Les législations du Maghreb sont très largement inspirées du modèle français. La Tunisie compte sept AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) représentant près de 70% de la production. L’Algérie et le Maroc ont un système d’AOG (Appellation d’Origine Garantie) qui est loin de couvrir l’ensemble de la production.

Géographie et vins

Le climat du Maghreb est chaud et sec et la vigne s’est naturellement développée près des côtes ou sur les reliefs situés légèrement à l’intérieur. Ces zones relativement tempérées bénéficient de la fraîcheur liée à l’altitude et aux influences atlantiques ou méditerranéennes.

Le vignoble tunisien, 20 000 ha, est concentré dans les régions côtières du nord-est, dans un triangle Bizerte, Nabeul, Béja. Le plus vaste périmètre est celui de Cap Bon avec 10 000 hectares, puis viennent les régions de Tunis, Bizerte et Beja-Jendouba. Officiellement, le vignoble algérien s’étend sur 40 000 hectares, mais une grande partie est laissée à l’abandon. L’Oranais, à l’ouest, demeure la principale région de production devant l’arrière-pays d’Alger qui bénéficie d’un climat plus doux et plus humide. Au Maroc, l’essentiel du vignoble se situe dans les vallées coincées entre les chaînes de montagnes (Moyen Atlas et Haut Atlas) et l’océan Atlantique. Les vignes proches de la côte, plantées sur des sols sablonneux, bénéficient d’une pluviométrie régulière, mais les sites les plus en vue sont ceux de Meknès et Fès, situés en altitude et qui offrent quelques-uns des meilleurs vins rouges de la région.

Le climat favorise plutôt la production de vins rouges puissants, colorés et riches. Les meilleurs atteignent un niveau très respectable surtout au Maroc et en Tunisie où les équipements de vinification ont été modernisés. Les cépages importés par les colons aux XIX ème et XX ème siècles comme les carignan, cinsault, aramon, ou alicante bouschet reculent au profit du cabernet-sauvignon, de la syrah, du merlot ou du mourvèdre. On cultive encore quelques variétés locales dont les farhana, hasseroum ou rafsai. Les rosés et gris (vins pâles issus de cépages rouges vinifiés en blanc), souvent issus du carignan, sont assez populaires, notamment le Gris de Boulaouane au Maroc. Les blancs sont globalement moins intéressants, à l’exception des vins doux issus du muscat.

Les autre régions viticoles

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