Les régions viticoles sur le continent américain
Régions viticoles Amérique

Les régions viticoles sur le continent américain

Les Etats-Unis

On ne saura probablement jamais avec certitude si c’est bien sur la côte Est des Etats-Unis que le Normand Leif le Chanceux posa le pied autour de l’an mil, néanmoins tout un faisceau d’indices semble indiquer qu’il s’agit bien du « Vinland » décrit plus tard par plusieurs manuscrits médiévaux, une contrée verdoyante parsemée de vignes sauvages (vitis labrusca). En tout cas, 600 ans plus tard, lorsque les Européens colonisent l’Amérique du Nord, ils trouvent sur place des variétés de vitis labrusca (vignes sauvages) qu’ils tentent vainement de domestiquer. En 1683 cependant, un dénommé William Penn fait fructifier un vignoble en Pennsylvanie à partir d’un croisement spontané de labrusca et de vinifiera, baptisé Alexander. Dès lors, la vigne s’étend à l’Est, puis au Sud-Est et au Sud au cours des XVIII ème et XIX ème siècles. La côte Ouest a connu un développement séparé. Les franciscains espagnols y avaient introduit dès le XVIII ème siècle des variétés de vinifera. A partir de 1850, le vignoble californien connaît un développement rapide grâce à l’implantation réussie de cépages européens. La Prohibition ruina brutalement une activité en plein essor. De 1920 à 1933 « la fabrication, la vente ou le transport des boissons alcoolisées » sont interdits. La production chute de 95%. Le pays mettra 30 ans à s’en remettre. Depuis les années 1960, les wineries se sont multipliées, fondées par des propriétaires issus d’horizons multiples, américains ou étrangers. A côté d’une viticulture de gros rendements et de production de masse, s’est développé un secteur dynamique animé par des vignerons soucieux de produire des vins de haute, et, parfois, de très haute qualité.

Législation

Le cépage demeure encore la règle dans l’identification des vins nord-américains mais il existe un système d’appellation : un vin peut provenir d’un état, d’un comté ou d’une AVA (American Viticultural Area). La première catégorie impose que 100% des raisins proviennent de l’état spécifié. Pour le comté, subdivision d’un état, le taux s’abaisse à 75%. Les AVA, on en compte 157, sont l’échelle la plus locale (bien que de tailles très diverses) mais surtout la plus soucieuse d’identifier des zones viticoles déterminées sur des critères géographiques et climatiques. Instituées en 1983, elles exigent, curieusement, que 85% des raisins seulement soient issus de la zone mentionnée. Elles n’imposent aucune réglementation en matière de cépages ou de méthodes de production.

Le vignoble américain

La vigne est présente dans la plupart des états américains, mais seule une poignée produit des vins de qualité. Les trois plus renommés sont tous situés sur la côte Ouest : Washington, l’Oregon et la Californie. Le premier connaît un net regain d’intérêt grâce à ses blancs plutôt vifs (chardonnay et riesling) et ses rouges issus du merlot ou du cabernet-sauvignon. L’Oregon a acquis une belle réputation grâce à ses pinots noirs plantés sur les versants ouest des Cascades sous un climat frais et humide. Mais le grand état nord-américain reste la Californie qui produit autour de 90% des vins du pays.

La Californie

Le vignoble californien s’étend sur 213 000 hectares. Le climat est globalement chaud et les températures en été peuvent devenir suffocantes. Elles le sont particulièrement dans la Vallée Centrale, limitée à l’Est par la Sierra Nevada et au Sud-Est par le désert de Mohave, coupée des influences pacifiques. Les vins qui en sont issus sont chaleureux mais souvent déséquilibrés par manque d’acidité sauf ceux issus des vignobles d’altitude situés sur les contreforts de la Sierra.

Les régions côtières bénéficient en revanche d’un climat plus tempéré. Le long du littoral, des brumes se forment sous l’action des courants marins froids. Ces masses d’air humides et fraîches s’insinuent vers l’intérieur par les vallées qui traversent les reliefs côtiers. C’est au sein de ces sites privilégiés qui mêlent chaleur et humidité que l’on trouve les meilleurs terroirs. La Côte Nord regroupe quelques secteurs de prestige et notamment les comtés de Sonoma et Napa au Nord de la Baie de San Francisco. Dans la Napa (18 000 hectares) la variété des conditions locales ont justifié un découpage précis en AVA. Le cabernet sauvignon, premier cépage du comté, s’épanouit sur les terroirs de Stags Leap et Rutherford, au centre de la Napa. Le zinfandel donne des vins concentrés et puissants à Howell Mountain tandis que le chardonnay trouve à Mount Veeder des terroirs d’altitude à sa mesure. Sonoma est l’autre fleuron de la Côte Nord. Elle tire de sa proximité avec l’Océan un climat plus frais qui allonge la période de maturation des raisins. Les AVA du nord, plus chaudes comme Alexander Valley ou Dry Creek Valley, produisent des vins opulents issus des cabernet sauvignon, merlot, zinfandel et sauvignon. Au centre, Green Valley, et au Sud, Los Carneros, à cheval sur Sonoma et Napa, bénéficient de conditions plus tempérées : le chardonnay et le pinot noir y donnent de bons résultats. Mendocino, au Nord de Sonoma, est devenu le fief de grandes Maisons venues de Champagne qui trouvent des conditions idéales pour le pinot noir et le chardonnay.

La Côte Centrale s’étend du Sud de la baie de San Francisco jusqu’à Santa Ynes Valley. Juste au-dessus de la Silicon Valley, s’étendent les sites spectaculaires des Santa Cruz Mountains. Les vignes tirent le meilleur parti de l’altitude et des influences océaniques et quelques producteurs de renom (Ridge) y sont installés. Le comté de Monterrey produit des chardonnay et riesling dans des conditions de sécheresse qui nécessitent l’irrigation. Plus au Sud, Paso Robles est un vaste périmètre où les cépages rhodaniens (syrah, grenache, viognier surtout) se sont fait une place aux côtés des variétés plus anciennement implantées comme le zinfandel et le chardonnay. A l’extrémité méridionale, autour de Santa Barbara, les influences océaniques s’infiltrent à travers les montagnes et permettent d’obtenir quelques-uns des plus beaux pinots noirs et chardonnays du pays.

L’Argentine

Le premier vignoble argentin fut créé en 1557 par le jésuite Juan Cidrón, venu du Chili avec quelques plants de criolla.

Histoire

De Santiago del Estero au Nord, le vignoble s’étendit vers le Sud le long des contreforts andins et atteignit Mendoza à la fin du XVI ème siècle. La culture de la vigne prit de l’ampleur aux XVIII ème et XIX ème siècle avec l’extension urbaine et la construction d’une ligne ferroviaire reliant la capitale, Buenos Aires, à Mendoza. Malgré l’introduction de cépages français dès 1880 et quelques tentatives pour développer une viticulture de qualité, la production argentine resta longtemps vouée aux vins en vrac avec des rendements atteignant les 400 hl/ha dans les années 1960 !

Depuis, le vignoble a été réduit, l’encépagement revu et la filière largement modernisée. La qualité des terroirs, le savoir-faire local et le faible coût de la terre ont attiré des investisseurs étrangers qui, avec les acteurs locaux, ont rapidement hissé le niveau de la production. Le pays a conservé un marché intérieur vigoureux mais l’essentiel des meilleurs vins argentins est exporté. En 10 ans seulement, les vins argentins sont sortis de l’anonymat, en particulier les rouges, appréciés pour leur maturité, leur rondeur, leur fruité et leur rapport qualité prix très performant.

Géographie et cépages

Dans ce vaste pays de 2,7 millions de km2, les 211 000 hectares de vignes (à vin) se concentrent dans la frange occidentale, sur les contreforts andins. La vigne occupe des paysages à perte de vue, sur les plateaux désertiques ou les zones plus pentues de piémont. L’aridité constitue le trait dominant du climat argentin. En dépit de l’altitude, la plupart des vignobles sont situés entre 700 et 1400 mètres, la température atteint souvent 40 degrés en été. En revanche, à ces altitudes, les nuits sont fraîches et les raisins conservent leur potentiel aromatique. Excepté au Sud, dans les régions de Río Negro et Neuquén, la faiblesse des précipitations exige de recourir à l’irrigation selon des techniques aujourd’hui maîtrisées.

La gamme des cépages argentins illustre bien les différentes vagues d’immigration européenne des XVIII et XIX ème siècles et le pays possède le plus large éventail de variétés des pays dits du Nouveau Monde. Bien qu’en recul, les criola, cereza et moscatel rosada, cépages à peau rose, restent très répandus. En rouge, le malbec est depuis peu le premier cépage du pays. L’Argentine a bâti sa réputation sur cette variété qui s’adapte parfaitement au profil géographique de Mendoza. Les malbecs argentins sont suaves, mûrs, fruités et conservent, généralement, ce qu’il faut de fraîcheur. Derrière, le bonarda (originaire de Lombardie), le cabernet-sauvignon et la syrah sont également très plantés et en extension. Le second offre des vins assez séduisants, concentrés, mûrs, plutôt ronds, aux saveurs intenses. Les cépages blancs ont connu un boom dans les années 1980. Parmi les variétés traditionnelles, le torrontés est le plus convaincant et donne des vins parfois très agréables, aromatiques et très souples. Dans les variétés plus récemment importées, le chardonnay connaît un franc succès grâce à ses vins ronds et fruités, souvent chaleureux. Il devance largement l’ugni blanc, le chenin et le sauvignon, ce dernier pouvant se révéler assez séduisant lorsqu’il est planté dans les vignobles d’altitude.

Législation

La réglementation de la production est une idée encore jeune, mais qui semble faire son chemin. Les contraintes de production n’existent que dans le cadre des DOC, Denominación de origen controlada, au nombre de deux seulement, Luján de Cuyo et San Rafael dans la province de Mendoza. La réglementation impose des cépages spécifiques, des méthodes de culture et d’élaboration et un vieillissement minimum.

Cela ne doit pas faire oublier que le cépage fait toujours référence sur les étiquettes des vins argentins, bien davantage que le lieu de production.

Les régions viticoles

La région de Mendoza (156 000 ha) est la grande région viticole de l’Argentine, à la fois en volume, 70% de la production nationale, et en qualité, grâce à un environnement particulièrement propice à la vigne, notamment dans les zones les plus en altitude, plus fraîches. Les sous-régions de Maipú et Luján de Cuyo au Sud-Ouest, entre 700 et 1100 mètres d’altitude, se sont forgé une belle réputation grâce à leurs malbecs issus de vieilles vignes et, de plus en plus, au cabernet sauvignon. En blanc, le chardonnay et le sémillon s’expriment bien dans les vignobles de Tupungato dans le nord de la Valle de Uco. Ailleurs, à Mendoza, les variétés italiennes et le tempranillo peuvent donner des vins souples et agréablement fruités. En dehors de Mendoza quelques zones commencent à produire des vins intéressants : la vallée du Río Negro au Sud pour ses blancs et ses rouges (cabernet-sauvignon), certains secteurs d’altitude de San Juan et Cafayate (Vallée de Salsa) au Nord, bien connu pour ses torrontès et ses tannats, malbecs et cabernets très prometteurs.

Le Chili

Au Chili, la vigne a derrière elle une longue histoire, qui débute au XVI ème siècle.

Histoire

Introduit par les Espagnols, le vin est d’abord nécessaire à la célébration du culte catholique avant de devenir, au XVIII ème siècle, une production commerciale importante : le Chili devient un gros pourvoyeur de vins très bon marché, produits à partir de cépages comme le país, la mission ou le moscatel. Au siècle suivant, quelques riches propriétaires chiliens reviennent d’Europe avec des idées nouvelles et quelques plants de vigne importés de France. Dans un environnement protégé, ces nouvelles variétés allaient pouvoir s’épanouir à l’abri des maladies, phylloxéra en tête, qui ravageaient les vignobles européens. La viticulture prospéra sur ces bases saines pendant la première moitié du XX ème siècle, soutenue par une consommation intérieure vigoureuse. Puis la balance s’inversa dans les années 1960 : baisse de la consommation, surproduction, chute des prix, et finalement arrachage de 45¨% des surfaces. C’est dans ce climat que le catalan Miguel Torrès tente l’aventure chilienne en 1978, convaincu par le potentiel viticole de ce pays. Des investisseurs français et américains l’imitent bientôt, tandis que les producteurs chiliens s’inspirent du savoir-faire européen et américain pour moderniser leurs domaines. Les trois dernières décennies ont profondément transformé le visage de la viticulture chilienne qui a réalisé l’une des plus belles percées sur le marché mondial du vin. Un environnement favorable, des coûts de production faibles et un réel dynamisme ont permis au Chili d’offrir aujourd’hui des vins bien faits, réguliers et d’un bon rapport qualité prix. Depuis 10 ans, un vrai travail d’investigation des terroirs a été entamé.

Géographie et cépages

Le Chili se présente sous la forme d’un long et étroit ruban de 4500 km du nord au sud. L’essentiel des 116 000 ha de vignes est situé dans la partie centrale, adossée aux Andes et regardant le Pacifique, entrecoupée de multiples vallées latérales. Le climat, globalement chaud, est largement tempéré par la fraîcheur des Andes et par le courant pacifique froid du Humboldt. Les vignes sont soumises à d’assez fortes amplitudes de température entre le jour et la nuit, ce qui permet de produire des raisins possédant une bonne concentration tout en conservant de l’acidité. Les précipitations sont presque nulles de décembre jusqu’aux vendanges, ce qui nécessite de recourir à l’irrigation. En matière de cépage, il subsiste du legs espagnol des variétés traditionnelles comme le moscatel, le torontel et surtout le país qui couvre encore 15% de la surface plantée. Mais le pays a bâti sa réputation sur les principaux cépages dits « internationaux » avec, largement en tête, le cabernet-sauvignon (35%) suivi du merlot et du carménère, un vieux cépage bordelais, assez proche du merlot, qui connaît au Chili une seconde jeunesse.

Législation

La loi de 1985 a individualisé 5 régions de production (Atacama, Coquimbo, l’Aconcagua, Vallée Centrale, Vallée du Sud), qui sont découpées du nord au sud et divisées elle-même en plusieurs sous-régions, ou vallées, qui sont autant de dénominations d’origine. Le souci récent d’individualiser des zones géographiques de plus en plus localisées fait maintenant apparaître des « zones » à l’intérieur des sous-régions, essentiellement dans la Vallée Centrale. Notons cependant que cette approche est récente et que le cépage fait encore largement référence, par dessus la région.

Les régions viticoles

Les vallées d’Elqui et de Limari sont les régions viticoles les plus septentrionales du pays. Le climat aride ne les prédispose pas à produire de grands vins, mais Limari offre des cabernets-sauvignons trapus et chaleureux. Au pied de l’Aconcagua qui culmine à 7000 m, s’étend le vignoble de l’Aconcagua Valley qui s’étire quasiment jusqu’à la mer. La chaleur et la sécheresse profitent surtout aux cépages rouges cabernet et merlot, mais aussi à la syrah qui a été introduite pour la première fois au Chili dans ce secteur. Plus au sud, la vallée de Casablanca jouit d’un climat rafraîchi par le Pacifique et produit quelques-uns des meilleurs vins blancs du pays (chardonnay et sauvignon), dans un style relativement vif, ainsi que quelques pinots noirs prometteurs. La vallée de San Antonio juste au Sud-Ouest est située à moins de 5 km de l’Océan. La plus petite région viticole du Chili s’adonne avec réussite aux blancs avec en particulier des chardonnays et des sauvignons frais et fruités. Plus au Sud s’étend la Plaine Centrale, cœur de la viticulture chilienne. Autour de Santiago, c’est d’abord la vallée de Maipo, la plus ancienne et la plus célèbre, qui concentre sur ses 10 000 hectares un grand nombre de domaines prestigieux. Le cabernet sauvignon couvre ici près de 60% des surfaces. Cachapoal a connu un développement récent mais rapide surtout dans la zone est qui profite de la fraîcheur andine. Le cabernet domine encore, toutefois le carménère a de plus en plus de partisans. Avec ses 20 000 ha, Colchagua est l’un des plus vastes périmètres viticoles du pays. Une partie des vignobles de plaine s’est progressivement déplacée vers les zones de piémont. Sur ces sites plus tempérés, le cabernet-sauvignon, le merlot et le carménère donnent des vins suaves et puissants avec une belle densité de fruit. Le malbec connaît aussi quelques réussites.

La vallée de Curicó couvre 16 000 hectares. C’est ici que l’Espagnol Torres s’est installé dans les années 1970. L’essentiel du vignoble est massé dans la partie sud, autour de la rivière Lontué. Le climat de type méditerranéen profite au cabernet-sauvignon, au merlot et au sauvignon blanc. Au Sud, la vallée de Maule est la première région viticole du Chili avec plus de 40% des plantations. Plutôt sec et chaud près du Pacifique, le climat devient plus tempéré vers l’Est avec des pluies violentes en hiver et des températures sensiblement plus fraîches. Le país couvre encore près de 10 000 ha, mais le cabernet-sauvignon le devance depuis peu.

Les régions du Sud, constituées des vallées de Itata, Bío-Bío et Malleco, accusent encore un net retard et fournissent l’essentiel des raisins destinés au pisco, l’eau-de-vie locale, mais on produit maintenant quelques blancs nerveux très prometteurs.

Les autres pays du vin

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