Les vins du Liban
Rappelons d’abord qu’il s’agit d’une très vieille terre viticole : il y a 3500 ans, les vins du Mont Liban étaient exportés vers l’Egypte par les Phéniciens.
Découvrez également notre compte-rendu de dégustation.
Au début de notre ère, le temple romain de Bacchus à Baalbek témoigne de la continuité de la culture du vin dans la vaste vallée de la Bekaa, qui est aujourd’hui la source d’au moins 80% du vin du pays. La conquête de cette région par les musulmans, d’abord arabes, puis turcs, a presque éliminé la production de vin pendant environ mille ans, en dehors de quelques poches de vignes entretenues par des moines maronites et orthodoxes pour les besoins du culte. C’est au XX ème siècle, après le déclin de l’Empire Ottoman, que l’on assiste à une timide résurgence d’une production commerciale de vin. Ksara, qui a appartenu à des jésuites avant d’être repris et développé par des entrepreneurs privés, a montré la voie. Kefraya et, à une échelle plus confidentielle, Musar, ont poursuivi, à partir des années 1930. Mais la production de raisins dans ce pays a longtemps servi essentiellement à la distillation du breuvage national, l’arak.
Nouveaux venus
Aujourd’hui, on recense une trentaine de producteurs et les libanais consomment autour de 2 bouteilles de vin par habitant et par an, soit huit fois plus qu’il y a 20 ans. Les exportations se portent bien, en grande partie destinées à la diaspora libanaise mais pas seulement car Château Musar a montré, depuis au moins 20 ans, que les meilleurs vins libanais avaient leur place parmi les grands vins du monde. C’est un esprit de saine émulation qui règne aujourd’hui, avec bon nombre d’entrepreneurs, essentiellement libanais, mais aussi quelques français, qui tous essaient de créer des grands vins sous un climat méditerranéen, à comparer à celui du Languedoc-Roussillon. Si le vignoble à vin reste modeste, autour de 3000 hectares, il augmente à raison de 100 à 150 hectares par an.
Parmi ces entrepreneurs, il faut citer le PDG de Renault, Carlos Ghosn, actionnaire majoritaire du domaine Ixsir (un raccourci du mot Elixsir), créé récemment dans la région de Batroun, au nord de Beyrouth et conseillé par Hubert de Boüard, du Château Angélus. Les frères Saadé ont créé un nouveau domaine dans la Bekaa, appelé Marsyas, avec l’aide de Stéphane Derenoncourt, consultant très connu. Il faut aussi mentionner la famille Wardy qui produit de très jolis vins blancs. Le phénomène le plus intéressant est la création de quelques petits domaines artisanaux, mais généralement très bien équipés, par des libanais de souche de retour au pays et qui ont une véritable passion pour le vin. Je pense à Atibaia, de Jean Massoud (dont les vins ne sont pas encore en vente mais sont très prometteurs), au Domaine de Baal de Sébastien Khoury et au Château de Bellevue, propriété de Naji et Jill Boutros.
Les rouges en vedette
Globalement j’ai trouvé les rouges d’excellente qualité et les blancs bien moins intéressants, à quelques exceptions près (Wardy, Musar). Les premiers sont clairement de type méditerranéen, élaborés dans un style plutôt moderne qui met l’accent sur le fruit mais, pour la grande majorité, bien équilibrés, ni trop extraits (tanniques) ni trop chaleureux. Merlot, syrah et cabernet constituent l’assemblage standard pour la majorité des rouges. Il y a bien quelques hectares de petit verdot, de malbec, de sangiovese ou de tempranillo mais on souhaiterait à l’avenir un peu plus de diversité dans les cépages plantés.
Les domaines sont de tailles très variables mais les deux plus importants, Ksara et Kefraya, pèsent au moins 60% dans la production totale, chacun produisant un peu plus de 2 millions de bouteilles. Loin derrière viennent des domaines comme Musar ou Ixsir, chacun signant autour de 600 000 bouteilles. Tous ces producteurs possèdent des vignobles mais achètent aussi du raisin, essentiellement dans la vallée de Bekaa, qui concentre l’essentiel du vignoble libanais.
Musar, toujours à part
Musar est un cas à part dans le paysage viticole libanais. Il a été le premier à se faire connaître à l’international et au plus haut niveau. Le style de ses grands vins (Château Musar, rouge et blanc, et Hochar Père et Fils, le deuxième vin) ne plaît pas à tout le monde, notamment aux techniciens rigides qui font la chasse à tout ce qui est un peu différent. Pour moi il s’agit de grands vins qui font vraiment voyager et qui traversent le temps avec élégance. Musar est fermenté en cuves ciment (comme Petrus) et élevé longtemps (6 à 7 ans), en bois, avec très peu de bois neuf, puis en bouteilles avant d’être vendu. Je ne connais guère que Vega Sicilia en Espagne à adopter cette approche de nos jours, et il ne faut surtout rien changer !
Ixsir est une winery très moderne, dont la construction était en cours quand je l’ai visitée. C’est un peu l’antithèse de Musar. Le projet est trop jeune pour juger des vins mais on se donne les moyens de bien faire. En dehors de Musar, mes vins préférés provenaient plutôt de petits domaines, créés par des amoureux du Liban et des passionnés de vin dont Château Khoury, Domaine Wardy ou Domaine de Tourelles qui possèdent tous de vrais trésors dans leur gamme.
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J’ai eu l’occasion de J’ai eu l’occasion de déguster des vins rouges du Liban. Ce sont effectivement des vins très équilibrés avec une bonne longueur en bouche qui déçoivent rarement.