Nouvelles du front : la Bataille des Bulles de Waterloo, 2015

Nouvelles du front : la Bataille des Bulles de Waterloo, 2015

Cette bataille des bulles a eu lieu sur le champ de la bataille de Waterloo, le 7 novembre 2015, un peu plus de 200 ans après la vraie et bien plus sanglante bataille. La France a-t-elle pris sa revanche ?

Eh bien, et malgré une solide opposition de 14 bulles allemandes, 7 anglaises et 3 autres en provenance de Belgique, de Suisse et d’Alsace, la réponse est probablement oui, même si le match fut plus serré que ce à quoi on pouvait s’attendre. Mais replaçons le contexte. Plus tôt cette année, devant l’armada des commémorations de la bataille de Waterloo (sauf en France, il est vrai !), et considérant que les trois pays les plus impliqués dans cette confrontation étaient aussi ceux qui ont fait la réussite du Champagne mousseux, j’ai trouvé intéressant et amusant de refaire la bataille d’une manière très amicale et totalement pacifique avec des vins à bulles issus des trois pays, France, Angleterre et Allemagne.

Evidemment il fallait tenir cette dégustation sur le champ de la bataille et mes collègues Hervé Lalau et Marc Vanhellemont ont déniché l’endroit idéal : la Ferme de Mont Saint Jean, qui fut un hôpital de guerre pour les troupes britanniques pendant la bataille, mais qui héberge de nos jours une brasserie, un restaurant, une boutique et une salle de dégustation. Il se trouve qu’un de mes ancêtres a défendu, pendant la bataille de 1815, une autre ferme, Hougoumont, non loin de là en tant que commandant du deuxième bataillon des Coldstream Guards.

L’essentiel des vins français venait de Champagne, et de maisons fondées avant 1815, à l’exception de la marque Napoléon, indispensable pour l’occasion ! Les sparkling anglais étaient au nombre de sept, que nous avons complété dans la série, pour égaliser les forces, par un vin belge (les belges ayant été très présents des deux côtés de la bataille), un vin suisse (les valaisans faisant partie de la France en 1815) et un alsacien (ils étaient aussi français et pas allemands à cette époque). Les logiques qui ont présidé à la sélection étaient variables. Pour les champagnes elle est historique. Pour les anglais j’ai fait appel à l’association des producteurs anglais et sept ont répondu présent. Pour les allemands, il s’agissait, pour l’essentiel, des 12 premiers vins d’un récent concours tenu en Allemagne pour les vins mousseux.

J’ai sollicité individuellement toutes les maisons de Champagne dont la date de fondation précède 1815. Une n’a pas répondu, deux ont refusé (Perrier Jouet, Moët & Chandon, Veuve Clicquot) mais neuf ont relevé le défi et je les en remercie. Nous avons dégusté les vins (à l’aveugle bien entendu) en trois séries, puis les meilleurs de chaque série ont été dégustés dans une sorte de finale.

La première série était composée des sept vins anglais et des 3 « jokers » belge, alsacien et suisse. Puis les 14 vins allemands et, enfin, les 10 champagnes. Onze dégustateurs professionnels et expérimentés de 4 pays différents, dont vous trouverez la liste ci-dessous, ont participé. Les vins ont été notés sur 20 et la présence en finale, comme les résultats de cette finale, correspondent à la notation moyenne de chaque vin sur les onze notes du jury.

 

Les vins finalistes, dans l’ordre de leur notation :

1 er Champagne Charles Heidsieck Brut Réserve

2 ème Champagne Henriot Brut Souverain

3 ème Bardong Chardonnay Brut (Allemagne)

4 ème Nyetimber Waterloo 200 classic (Angleterre)

5 ème Champagne Roederer Brut Premier

6 ème (ex-aequo) Champagne Ruinart & Tsempéro (Valais, Switzerland)

8 ème Gusbourne (England)

9 ème Von Buhl (Germany)

 

Charles Heidsieck l’emporte haut la main, avec la meilleure note, aussi bien en séries qu’en finale. Les autres notes ont été plus serrées, du moins pour les 3 vins suivants. Il y avait aussi une bonne cohérence des notes pour les vins dégustés deux fois.

La série des champagnes (il s’agissait des cuvées bruts non-millésimés des producteurs concernés) a obtenu la note moyenne la plus élevée des trois séries. Il est vrai que ces vins sont aussi les plus chers. On peut aussi attribuer à cette bonne notation à une qualité perçue plus élevée en moyenne, mais aussi à un style plus reconnaissable et familier à la plupart des dégustateurs. Cette remarque prend tout son poids lorsqu’on considère que les vins pétillants allemands étaient aussi bien des sekts que des méthodes traditionnelles et venaient de régions différentes et de cépages qui allaient des pinots et des chardonnays au muskateller (un délicieux demi-sec), en passant par le riesling.

Les dégustateurs étaient :

Pour l’Angleterre : Michael Edwards & David Cobbold

Pour la Belgique : Marc Vanhellemont, Luc Meyermans & Hilde Jonkheere

Pour l’Allemagne : Klaus Hermann & Jorg Winkler

Pour la France : Hervé Lalau, Olivier Borneuf, Xavier Leclerc & Christophe Macra MW

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