Qui est le véritable Robert Parker ?
Pendant mon enfance, dans un pays souvent noyé dans les brumes et où le sport national estival n’est malheureusement pas compris du tout par les français, la seule chose qui répondait au nom de Parker était mon stylo, cadeau reçu de mes parents, un peu pour s’excuser de m’avoir expédié en pension dès l’âge de 8 ans (une pratique tout à fait courante dans ce pays étrange). J’en étais assez fier et il marchait bien. Comme tous les produits de sa marque, il avait comme signe particulier de posséder une agrafe en forme de flèche.
Plus tard, à l’adolescence, j’ai découvert les joies intenses de la musique de Charlie Parker. Je passais des heures à l’Ecole de Musique à écouter, puis à essayer de jouer, avec des copains (moi à la contrebasse), « Now’s the Time ». Je n’ai plus de stylo Parker depuis longtemps, mais Charlie reste pour moi un des plus grands musiciens de jazz de tous les temps. Bien plus tard, on m’a parlé d’un autre Parker, prénommé Robert, qui, paraît-il, fait que l’on paie certains vins très chers car décrétés « meilleurs » que d’autres.
Mais je viens de découvrir le véritable Robert Parker, et je voulais partager ce bonheur avec vous. Il s’agit d’un excellent auteur de polars, américain aussi, et qui signe ses livres Robert B. Parker. Parker a écrit une soixantaine de livres, dont beaucoup se situent autour de la ville de Boston. La plupart sont ordonnés en trois séries autour de trois personnages principaux, tous très attachants ; Jesse Stone, un policier alcoolique mais séducteur, admirablement incarné dans une petite série télévisuelle par Tom Selleck ; Spenser, un détective privé costaud dont l’amour de sa vie est psy ; et une jolie femme, Sunny Randall, également détective privée et fille de policier, dont la relation complexe avec son ex-mari, fils de gangster irlandais mais « clean » lui-même, constitue un thème récurrent de la série. Et se nouent, de temps en temps, des relations entre les personnages principaux des trois séries. Tout cela est livré avec une écriture épurée, des dialogues au cordeau, minimalistes mais bien tenus, des histoires dont le suspens est toujours bien mené, une batterie de rôles secondaires truculents et parfois drôles, et un sens des choses de la vie peu commun dans ce type de roman. Signe particulier : Parker dédie tous ses livres à sa femme. Tiens, cela me rappelle quelque chose….
Certains des polars de Robert B. Parker sont traduits en français, chez différents éditeurs : Livres de Poche, J’ai Lu, Série Noir, Rivages, Bernard Pascuito. Mais il vaut mieux les lire en version originale si on peut, comme cela il y en a bien plus.
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