Réforme des appellations : ce qui va changer sur les étiquettes
AOC, VDQS, Vins de pays, Vins de table : on n’en comprend pas toujours le sens mais on s’est habitué à lire ces mentions sur les étiquettes avec, plus ou moins clairement en tête, l’idée qu’ils expriment une hiérarchie de qualité. La récente réforme européenne des appellations a un peu rebattu les cartes. Rien de révolutionnaire dans le fond mais dans la forme, cela signifie de nouveaux termes sur les étiquettes, bons à connaître pour le consommateur. La date d’entrée en vigueur de la réforme est le 1er août 2009 mais sa mise en place est progressive.
Les Vins de Table deviennent des Vins de France. Dans la hiérarchie de qualité, ils représentent toujours l’échelon de base, celui des vins courants, sans IG (Indication Géographique), en chute libre depuis 25 ans. La nouvelle législation a libéralisé un peu plus les techniques de production pour permettre de produire à moindres coûts et de mieux résister à la concurrence du Nouveau Monde. Elle autorise aussi plus de mentions sur les étiquettes qu’auparavant : l’affichage du millésime et du cépage en particulier qui leur était jusqu’ici interdit. Pour le consommateur c’est toujours une information de plus et pour le producteur c’est la possibilité nouvelle, par exemple, de produire un Sauvignon blanc de France en assemblant des raisins provenant de Loire, de Gironde ou du Languedoc. Ce type d’assemblage, très courant dans les pays du Nouveau Monde, était jusqu’ici impossible en France. A noter que 15% du vin pourra provenir d’un autre millésime ou cépage que celui indiqué sur l’étiquette.
Les Vins de Pays sont remplacés par les IGP (Indication Géographique Protégée) avec une période de transition qui permettra de faire figurer les deux mentions sur les étiquettes. Les vins de pays ont été la réponse française à la demande internationale pour les « vins de cépages » (les AOC interdisant entre autres la mention du cépage sur les étiquettes). Ils bénéficient d’une législation bien plus sévère que celle des Vins de France mais plus souple que celle des AOC : choix de cépages plus large, élaboration hors de la région d’origine autorisée, possibilité d’ajouter jusqu’à 15% de raisins provenant d’une autre zone, millésime ou cépage que ceux figurant sur l’étiquette. Pas de grands changements en perspective malgré la réécriture des cahiers des charges et un changement d’organisme de tutelle (l’INAO, le même que pour les AOC). Ces IGP, comme les anciens vins de pays, pourront provenir d’une région (IGP Oc), d’un département (IGP Hérault) ou d’une zone plus localisée. Ce sera au consommateur d’être vigilant pour distinguer un IGP d’un Vin de France étant donnée la proximité des règles d’étiquetage.
Les VDQS (Vins Délimités de Qualité Supérieure) disparaissent. Cette catégorie incompréhensible pour le consommateur ne concernait plus que quelques appellations en France (16 en 2010), la plupart en attente du statut d’AOC. Elle est donc supprimée et les anciennes VDQS devront choisir avant 2012 entre IGP ou AOP, la plupart optant pour la seconde.
Les Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) deviennent des Appellations d’Origine Protégée (AOP) mais l’usage du terme AOC, auquel sont attachés aussi bien les producteurs que les consommateurs, devrait rester en vigueur. Elles constituent en théorie le haut du panier. Nées dans les années 1930, les AOC avaient d’abord pour but de délimiter précisément les aires d’appellation pour mettre fin aux fraudes et contrefaçons. Rapidement elles ont été aussi « contrôlées », c’est à dire sujettes à une réglementation touchant aux cépages, aux rendements, aux pratiques viticoles et œnologiques, en principe inspirée des « usages locaux, loyaux et constants » en vigueur dans chaque région et censée garantir une « typicité » du vin. Le passage à l’AOP ne change rien dans le fond, si ce n’est quelques dispositions (comme la fin des dégustations d’agrément[1]), la garantie d’une meilleure protection juridique (reconnue internationalement) et la nécessité pour chaque syndicat de réécrire leur cahier des charges. Les AOC/AOP représentent 50% des vins produits en France et peinent à maintenir la vocation d’excellence qui les a inspirées à leur naissance. Si l’appellation est une garantie d’authenticité, elle n’est pas nécessairement un gage de qualité. L’opportunité donnée de réécrire le cahier des charges serait pourtant l’occasion de resserrer le niveau d’exigence (révision des aires d’appellation et question des rendements notamment) et de donner un nouveau souffle aux AOC/AOP.
[1] Avant d’accéder à l’AOC, chaque vin doit passer l’épreuve d’une dégustation interne pour montrer sa conformité à la « typicité » des vins de l’appellation. Ni indépendantes, ni très regardantes sur la qualité, ces dégustations étaient une simple chambre d’enregistrement : seuls 1 à 2% des vins étaient recalés, dont certains pour de mauvaises raisons (non typiques..). Les contrôles seront maintenant effectués en aval, sur des vins déjà mis sur le marché.
Excellent article qui par sa Excellent article qui par sa clarté permet de résumer parfaitement ce qu’il faut savoir sur le sujet. Bravo !