Y a-t-il une vie après le rosé en Provence ?
Pour échapper au rosé en Provence, une solution existe, elle s’appelle le bon caviste.La vague rose continue de déferler sur le vignoble français et sur ses rivages de prédilection, ceux de Provence. Incontestablement, depuis le temps que cela dure, soit une bonne décennie de croissance continue, il s’agit d’une lame de fond qui, en Provence, emporte tout sur son passage : les vins blancs, devenus anecdotiques, et les rouges en chute spectaculaire, y compris dans ses bastions traditionnels et haut de gamme comme Bandol. Les raisons du succès ? On invoque un vin bien adapté à la saison, l’été, au marché local et à l’époque : simple à comprendre, décomplexant, moderne (en opposition à la « tradition »), le rosé incarnerait selon des sociologues le produit de partage par excellence, capable de combler de nouvelles attentes communautaires dans un contexte de remise en question des valeurs individualistes… Quoi qu’il en soit, le rosé aurait donc de beaux jours devant lui et la saison bat son plein malgré un début d’exercice délicat pour cause d’intempéries. Il y a des raisons d’aimer le rosé de Provence, sa relative fraîcheur et légèreté, sa finesse chez certains, mais il y en a aussi beaucoup de s’en lasser, à commencer par la sensation de goûter trop souvent le même vin, qui plus est à des prix sensiblement en hausse. On ne sait plus trop qui des producteurs ou des consommateurs ont imposé la recette du rosé pâle et aromatique, gagnante commercialement mais pas franchement excitante pour l’amateur.
Si vous faites partie de ces lassés et que vos vacances vous mènent en terres provençales, il existe une solution : le bon caviste. Un très bon exemple est la cave Vert d’Olive, à Lalonde-les-Maures, située sur une petite place tranquille loin du tumulte des plages, tenue par Alban Roger. La trentaine, ce fils de restaurateur étoilé est arrivé dans le Var après un détour par la faculté d’œnologie de Bordeaux. « Mon projet, c’était de travailler dans la vigne, mais sans moyen, difficile d’avoir l’appui des banques ». Ce sera donc le métier de caviste avec la reprise en 2001 d’une épicerie de produits régionaux. « Il a fallu avoir la confiance des gens, ça a pris cinq ans, et deux années de plus pour vraiment prendre du plaisir dans ce métier », autrement dit vendre ce qu’il aime vraiment. On y trouvera une poignée de rosés locaux, « parce que l’on ne peut pas faire sans » mais surtout une jolie gamme de blancs et de rouges de toutes les régions, à l’exclusion de Bordeaux (« je n’y prends pas de plaisir »). « Il faut éveiller la curiosité. J’explique à mes clients que les rouges peuvent aussi faire de très bons vins d’été, et ils me suivent ». La gamme est large, éclectique, entre découvertes et noms connus, avec des « petits » rouges à moins de 5 euros, redoutables de gourmandise. Si vous êtes de passage, laissez-vous conseiller – comme moi – par ce fin connaisseur du vignoble qui parle de ses vins avec précision et justesse. Les amateurs d’huile d’olive y trouveront aussi un interlocuteur connaisseur et passionné.
Vert d’Olive – Place Andre Allegre – 83250 La Londe-les-Maures, tel : 04 94 15 00 46
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